belizem

La vie des togolais : Portraits Da Amélé.

Difficile de lui donner un âge. Les mauvaises langues la disent sur le mauvais versant de la trentaine. Elle est l’exception qui confirme la règle selon laquelle les filles, après 25 ans ne cherchent qu’à se caser. Casée, elle l’est. Ce qui dépend de ce que vous mettez dans casée. Un petit garçon de sept ans, fruit des ses amours sauvages d’étudiante. Qu’elle élève seule. La faute à sa demi-douzaine de petits copains d’université qui ont décliné un à un la paternité de cet adorable garçon. Entre celui qui avait peur de se faire couper les vivres par son père, celui qui dit n’avoir fait qu’un seul coup, ou encore celui qui était devenu inaccessible du jour au lendemain, elle s’est résignée à son sort. Les hommes sont mauvais est devenue son éternelle rengaine. Da Amélé en consommait pourtant sans modération. Plus besoin d’être à la solde d’un mec disait-elle . 

Une éducation d’église évangélique qui n’a pas empêché le petit copain vers 13 ans.

    « Féministe » diront certains. Un mot qui l’énerve au plus haut point. Elle se définit juste comme une femme, forte et qui s’assume. Dans tous les sens du terme. Pas besoin d’étiquette. C’est comme si on était consciente d’être faible et qu’il fallait transcender cet état pour aspirer à une certaine grandeur. Non non, Da Amélé n’aimait pas du tout ce terme qu’elle définissait d’ailleurs en termes crus que ma bonne éducation ne me permet pas de décrire ici. En regardant dans le miroir de son passé elle se sentait fière du chemin parcouru. Des parents plus ou moins aisés. Une éducation d’église évangélique qui n’a pas empêché le petit copain vers 13 ans. L’université sanctionnée par une licence en économie et son petit Hervé. Avant que le LMD ne vienne allonger les années pour les étudiants moyens ou sans repères. Ensuite malgré les relations de ses parents, elle dû rester pendant un an à la maison. Surtout avec sa haine envers la promotion canapé. Pas qu’elle eut froid aux yeux mais par pur principe.
Aussi quand un nouveau directeur, libanais, fit valoir son droit de cuissage sur Amélé au bout de trois ans de bons et loyaux services, celle-ci après une belle paire de gifles s’en alla ouvrir sa petite affaire de ventes d’accessoires de cuisine au marché d’Adawlato. Dieu merci les affaires allaient bien. Et elle pouvait enfin vivre selon ses désirs. Et en liberté. Employant trois jeunes qui autrement seraient encore dans les méandres pour l’un d’un village sans eau ni électricité, l’autre avec un beau père violent et une autre encore à la rue. Mais ceci est une autre histoire. Depuis bientôt deux ans, elle s’était offerte une mini villa vers un de ces nouveaux quartiers d’Adidogomé. Le rêve de tout jeune normalement constitué. On peut dire qu’Amélé gagnait bien sa vie et qu’elle avait cette indépendance financière qui reste pour beaucoup un mirage ici.

Avec ce niveau, vient toute une panoplie de distractions à condition d’être observateur et assez créatif dans ce Lomé pour trouver ses petits plaisirs de la vie. Laissez vos rêves de cinéma, de princesse etc. Amélé a su, elle dénicher les bons coins dont regorge la capitale et en profite. Ça fait longtemps qu’elle ne va plus à La Cour des Grands le weekend. Un endroit pour les petits joueurs, disait elle. Maintenant c’est les lounge bars, certains casinos et les bars des meilleurs hôtels de la ville. Les weekends, pas besoin de sortir. Son frigo à la maison étant toujours plein. Les bons plans du grand marché où on pouvait dénicher à un prix défiant toutes les publicités anti-alcool, les meilleures marques de vin ou de spiritueux. Une bonne femme loméene se doit de savoir où trouver les bons, whiskys pour son mari, les bons pagnes, les produits de beauté à l’origine parfois douteuse et surtout aux bons prix.

Les commerçants étrangers, principalement indiens, chinois et libanais, l’ayant appris de nos mamans comme Da Amélé l’ayant appris de sa mère à elle, fixaient toujours le prix d’une marchandise à vingt pour cent au dessus de sa réelle valeur. Habitude qui a finit par déteindre sur les comportements d’Amélé. Ce dans les autres aspects de sa vie. La frime. Elle était toujours la plus chèrement habillée de son groupe de filles. Selon ses dires. Ses amants, les plus beaux. Ses soirées, les plus belles etc. Mais comme vous le savez la vie des togolais est un masque perpétuel. Même pour ceux qui ont les moyens. Amélé à défaut des vrais Gucci, Channel et autres était toujours à la page « Sawui » de nos tontons du Sahel d’Assigamé.

La vie ce n’est pas Super Mario, où on possède deux ou trois vies.

En bonne mère elle passait toujours ses weekends avec son garçon pour ne pas en faire plus tard un ‘’mauvais’’. Vous voyez le genre .Encore heureux que quelques parcs d’attractions s’ouvrent ci et la en ville… Dans cette même philosophie, pas d’amants à la maison. Ce qui finalement faisait souvent ou parfois fuir les rares qui auraient voulu être sérieux avec elle. Il y a certaines blessures qui ne cicatrisent pas vite ou jamais. Un de ces sérieux prétendants, Soumaila, l’avait vraiment accrochée jusqu’à ce quelle sache que ce dernier avait la mauvaise tendance à être sérieux avec toutes les femmes et ce déjà avec deux avant elle, d’autant plus que sa religion le lui permettait. Evidemment Da Amélé a pris ses jambes à son cou et quand le petit Hervé, qui ne recevait plus ses dernières consoles, a eu les explications de sa maman celui s’est écriée Tonton Soumaila kpayé .

 

Sur le coup, Da Amélé n’avait rien compris, mais sidérée que son gosse puisse connaître des expressions à la mode qu’elle, pourtant au fait des nouveautés ne connaissait pas. Donc Dieu étant fort mais Youtube n’étant pas petit (déjà dix ans), le lendemain elle a su ce que donnait la chanson « Mkpayé » et s’en est fait un principe de vie. Ainsi c’est elle qui terminait avec ses copines, ses fringues, son style, ses virées dans les clubs chics de la capitale. Le must fut quand lors des ses vacances annuels à Abidjan, dans un club de cette ville la célèbre chanson est venue raffermir sa foi. La belle vie de Lomé se vendait bien à l’extérieur. Elle s’est vue du jour au lendemain une amie dans Adjoa, la nouvelle assistante de la banque où elle faisait régulièrement ses opérations, attirée justement par la même chanson qui était la sonnerie de téléphone de l’assistante.

La vie n’étant pas un long fleuve tranquille ici, un soir où au restaurant Les Petits Fours, Da Amélé attendait sa nouvelle amie (aussi originaire du même village qu’elle), celle ci se fait déposer par une Citroën qui repartit aussitôt en laissant la moitié de ses roues sur la chaussé. Ravie de trouver sa grande amie et sœur, Adjoa ne laissa pas Amélé s’épancher longuement sur la conduite agressive du chauffeur de la Citroën. Mais on ne la lui fait pas. Ainsi commençât-elle en commandant les plats à 500 francs de la maison:

 »Ma chérie, la vie ce n’est pas Super Mario, où on possède deux ou trois vies. Racontes moi tout et surtout pas de salades…. »

À suivre.


La vie des togolais : Portraits

Cette série de portraits fictifs d’habitants ou originaires de ces 56 600 km carrés que nous appelons Togo se permet de décrire le quotidien tel que nous le vivons ici. Avec ses peines, ses scandales, ses tragédies; ses défaites mais aussi ses joies, ses succès, ses heureux dénouements et ses particularités. Si  dans cette partie de l’Afrique bien de préjugés fusent çà et là, la réalité n’est pas souvent fidèlement dépeinte. Car ici ce sont les petits plaisirs qui permettent de tenir le coup et le togolais stoïque qu’il est a bien adopté l’attitude de « la vie c’est un masque .

 Je m’en vais vous présenter aujourd’hui Fo Djo alias Tonton la vie c’est les moyens. 29  ans. Ne lui dites jamais qu’il est proche de la            trentaine. Caissier dans une banque de la place, coureur de jupons devant l’eternel, lundi matin tu ne le verras jamais d’aplomb. Pas qu’il a eu  assez des responsabilités spirituelles le dimanche. Jamais au grand jamais il ne va à l’église malgré les supplications de sa maman. Mais il     connait un an à l’avance tous les jours fériés surtout chrétiens. Des dizaines de bouteilles de bière du weekend il ne lui reste qu’une humeur         mauvaise et une profonde haine envers le système capitaliste. Aussi ne commence t-il à « émerger » un de ses mots favoris que vers mardi soir     ou mercredi matin. Depuis qu’un certain soir de l’année dernière avec quelques compagnons de beuverie il a écoutée le morceau des Toofan il ne fait que répéter à qui veut bien l’entendre que la vie c’est les moyens. Moyens qu’il a forcement. « C’est quoi la vie ? C’est quoi les moyens ? Ainsi déblatère-t-il à longueur de ses rares journées de clairvoyance. Journées qui finissent toujours au bar ou en boite de nuit.

                                                        ‘‘Il faut avoir les moyens de ses ambitions. »

Fo Djo, troisième d’une fratrie de sept enfants que son retraité de père a essayé  de pousser aussi loin qu’il le pouvait,  a vu ses rêves de bourse d’études au canada mourir et se transformer en BTS il y a quatre ans de cela. Qu’à cela ne tienne, il réussit à décrocher un long stage et un poste de caissier dans une de ces banques marocaines de la place. Le temps de l’euphorie passé, comme tout jeune qui se respecte et ayant surtout des moyens il déménagea. Se trouvant un deux-chambres- salon et une petite Citroën. En avant la vida loca ou le agbekoko comme on dit ici. En fait de belle vie c’est surtout une routine bien huilée au millimètre près qu’est devenue sa vie. Il faut avoir les moyens de ses ambitions disait-il. Et pour Fo Djo les ambitions se résument à trois nuits en boite par semaine. « Miami », « Château » et autres. Un weekend par mois à Kpalimé ou Aného (au début de son boulot, le rythme ayant diminué depuis). Et surtout une nouvelle fille chaque semaine.

Dieu merci aux chinois, il arrive à tenir son ratio d’une nouvelle veste par mois. Le style c’est important. Le 28 du mois, peu importe le jour, à midi tu le verras dans le prêt -à- porter de Moussa. À la recherche de son costume. Et surtout pour voir la belle Salamatou, la petite sœur de Moussa qui gère la boutique en l’absence de ce dernier. Les belles rondeurs jusqu’ici inaccessibles  de Salamatou occupaient une place essentielle dans la vie de Fo Djo. Et comme la vie c’est les moyens, il n’arrive jamais à la boutique sans du bon chawarma et du yaourt. Fan du détail, Fo Djo a même mis ces à-côtés dans son budget mensuel.

Mais depuis un certain moment, Fo Djo n’a plus cette joie de vivre. Il est même devenu démographe avec des théories du genre un pain que tu mangeais seul, qui te suffisait à peine se voit réduit de moitié si tu as une femme, de tiers si tu as un gosse ainsi de suite. Car entre temps il a trop fait pompette avec la jeune Adjoa et depuis bientôt un mois la stagiaire d’un jour de la banque aspire à un CDIE (contrat a durée indéterminé avec enfant) dans le deux-pièces de Fo Djo. Deux pièces dont le bail d’un an arrive bientôt à terme. En bon viveur, ce dernier voyant ses moyens réduits à court et long termes et ne sachant plus à quel saint se vouer s’est rabattu depuis un certain temps sur Facebook avec des posts quotidiens genre : « c’est la fin qui justifie les moyens ».

Devenu bigot, virtuellement du moins, les moyens devenant de plus en plus rares mais assez suffisants pour se payer les forfaits internet, il ne fait plus que partager les posts des pages à connotation religieuse, les pages « citations du jour », ou encore « comment réussir sa vie en trois leçons », etc.. Et au détour dune bière grignotée sur le temps qu’il n’a plus il te dira toujours avec un sourire lointain « la vie c’est les moyens à condition que les moyens durent sinon tu fais avec ».


Reglée comme Elle

Lycée de B… Années 2000. Josée*, la plus mignonne fille du lycée venait d’avoir ses règles à la sortie des classes. Elle ne relèvera plus la tête ni ne parlera plus la voix haute jusqu’à la fin de l’année scolaire. Elle a même du changer d’établissement l’année suivante. Pourquoi ? Entre les moqueries, les olalas, oh la pauvre (venant aussi des filles) quand sa jupe s’est tacheté de sang, elle n’a pas pu résister et son trop plein de larmes a commencé par couler. Une année gâchée : Et pourtant ? Les événements auraient pu tourner autrement si elle (d’abord), nous autres ses camarades (ensuite) et la société (enfin) savaient.

Que les règles sont avant tout naturelles. Que leurs absences devraient plutôt inquiéter hommes compris. Car étant maris, frères, fils c’est notre souci premier de savoir nos femmes, sœurs et mamans en bonne santé. Pour moi les règles sont aussi simples que le fait d’uriner ou de se brosser régulièrement les dents. C’est pas le moment de jeter la pierre sur nous autres hommes, de telle ou telle religion ou courant de pensée qui rejettent les femmes en leur période. Je nous vois mal dans notre fierté de male d’être rejetée chaque fois que nous avons une érection. Il en va juste de la santé des femmes. Et la santé, l’identité le fonctionnement normal des organes ne sont pas des sujets tabous.

Que les règles sont une partie essentielle de la vie. De cette vie qui est donnée par les femmes. Femmes qui sont nos mamans et qui portent le monde. Monde qui nous rend cruels et cruelles envers cet aspect essentiel du processus de création de la vie. C’est souvent injuste. Car croyez le, mesdames il y a ces moments d’irresponsabilité je l’avoue où nous autres hommes souhaitons vivement l’arrivée de ces règles. Et qu’on n’en dort même pas la nuit. Si vous ne voyez toujours pas entretenez vous avec un jeune (irresponsable) qui vient d’être informer par sa copine que ses règles tardent à venir depuis déjà une semaine. Le pauvre.
À toutes ces reines à qui il arrive parfois de douter je vous dis soyez fières, assumez vous car je sais en moi le rôle que joue une maman dans un foyer, une sœur dans l’adversité, une cousine dans les moments de doutes. Je sais aussi ce que sera ma peine quand une proche serait victime de ce silence tueur. Elle qui aurait subi milles peines pour être juste femme telle qu’elle a été crée. Vivement qu’on en parle pour éviter des situations dramatiques pas seulement affectives mais aussi sanitaires. Pour éviter des infections par manque d’hygiène ou d’ignorance. Je ne vais pas aller loin jusqu’à nous pousser à acheter des serviettes hygiéniques pour nos compagnes. Mais quel papa digne de ce nom ne le ferait pas pour sa fille? Ou demander de laide ?

De ces histoires glanées ici et là qui parlent de la première fois, de ne pas savoir quoi faire, d’être troublée, de ces qu’est ce qui m’arrive ? D’être sujettes aux railleries, il en résulte un manque de communication et d’éducation criard dans nos sociétés, à propos de ce truc sale dont on ne parle pas devant les gens. De ces va vite caches ça. Le premier pas est d’en parler, en famille, en milieu scolaire, en cercles associatifs afin de préparer nos sœurs et nos sensibilités. Et ne pas oublier d’initier dans les politiques de santé publique une meilleure vulgarisation des serviettes hygiéniques a défaut de ces bouts de pagne séculiers qui parait-il se transmettraient de mère en filles. Vive ces règles qui sont comme elles sont. Aimons les telles quelle. Pour vous qui portez le monde.

 

*Le nom a été changé pour préserver l’anonymat.


Comment meurt-on au Togo?

En l’espace d’un mois, j’ai pu juger à mes détriments ‘’l’état de santé’’ de la santé dans mon pays ? Á défaut de guérir des maladies ici, on en meurt. A croire que le pays tout entier est malade.

Vendredi après-midi, soleil au zénith, un de mes collègues manutentionnaires perd connaissance au boulot. Après 25 km de course folle sur des chemins caillouteux, nous voilà arrivés à l’hôpital.  Surprise, aucun panneau de signalisation des urgences. Obligés de se débrouiller seuls, mon collègue dans nos bras, afin d’héler un infirmier (ou un passant) histoire de nous montrer le bureau d’admission. De surprise en surprise, l’humain chargé de s’occuper de l’admission après avoir passé une éternité à prendre l’état civil, pas les constantes, du patient qui entre temps s’est retrouvé dans un fauteuil roulant( si si on met dans ce pays quelqu’un qui a perdu connaissance dans un fauteuil roulant sans sangles et non sur un lit ou encore un brancard,) grâce à la magnificence d’un portier censé s’occuper des cas urgents qui vraisemblablement préférait suivre la télé loin de son poste, daigne nous indiquer la caisse avec une moue sarcastique, pendant que sa collègue et une autre en train de manger piaillaient tranquillement, pour s’acquérir des frais d’admission.Sans compter l’aller-retour caisse-service d’admission.

Ici ce n’est pas rare d’accompagner un malade à l’hôpital et de se retrouver admis soi-même en cardiologie, faute d’avoir subi pleins d’émotions, pas dûs à votre malade, non non, mais plus aux traitements préhistoriques et inhumains, que subissent votre parent, ami, collègue etc. Comment imaginer qu’après des minutes, qui en matière d’urgence médicale valent leur pesant d’or (quoique tout l’or du monde ne vaut une vie humaine), perdues en admission et non en premiers soins, les infirmiers puissent encore se tromper de service d’admission, et le trimballer de gauche en droite dans des couloirs hôpitaux dignes des ruelles du marché d’Agbadahonou?Des malades ne trouvant pas de place, où pensez-vous que se retrouvent leurs accompagnants? Car ici on peut très bien avoir comme symptômes : fièvre et céphalées et  se retrouver en chirurgie, quand encore chanceux ces départements existent. Ne vous étonnez surtout pas quand un monsieur pansu et saoul se retrouve à la maternité. « C’est des choses qui arrivent », « c’est le Togo’ » vous diront le personnel soignant.

Prenez votre mal en patience si après deux heures aucun médecin ne se pointe pour s’occuper de votre malade. Adoptez la zen attitude si deux ou trois jours après vous ne savez toujours pas de quelle pathologie souffre votre parent , malgré que vous payez des ordonnances à chaque instant. Car ici ça peut être encore pire. Vous au moins avez eu la chance d’avoir trouvé un lit pour y caser votre malade. La salle de réanimation peut parfois ou souvent servir de salle de réunion pour certaines familles, de salle à manger, de lieux de querelle. Comble de l’ignominie, vous pouvez tomber sur des infirmières en train de chanter pas des berceuses mais des airs joyeux en souvenir de leurs dernières nuits au karaoké et oh combien impolies seront-elles, pas toutes évidemment, de vous insulter si ça vous prend de montrer votre gueule. Respirez un bon coup lorsque pour certains « actes médicaux » l’infirmier ou le médecin vous demande du cash en liquide au chevet immédiat de votre malade. Jouez pas au malin en se demandant si ces comportements sont dignes de personnes ayant juré protéger la vie humaine.

C’est à se demander si c’était volontairement que les malades se plaignaient, si c’était de gaieté de cœur que leurs accompagnants s’impatientaient ou perdaient leurs repères ? Un malade et sa famille s’attendent à de la sympathie, de l’écoute à de l’attention en venant à l’hôpital. Mais que recevons-nous ici ? Je me demande si l’environnement dans lequel ce personnel soignant évolue  ne déteint pas souvent sur eux. Sale, non entretenu, salaires insuffisants etc. Certains membres de ce corps médical vous confieront le manque de personnel, de matériel etc. Heureusement j’ai pu aussi constater qu’il y en a qui font du mieux qu’ils peuvent avec les moyens de bord dont ils disposent. Qui vous traitent avec respect. Essaient d’apporter un peu de réconfort. Ce qui me fait penser à ces nombreux diplômés de la santé comme dans bien d’autres domaines ici qui cherchent un travail, mais qui ne le trouvent pas. A ceux qui l’ont, ce travail mais qui le font pas bien, qui en profitent pour racketter, mépriser et ce dans le total irrespect de la vie humaine. C’est eux qui vous diront que ça ne va pas, que le pays est foutu. Mais font-ils leur part ? Entre inconscience, sournoiserie, cupidité et  lenteur administrative. Lenteur justement qui me fait penser à ma  seconde mésaventure avec le monde (in)hospitalier d’ici. Pas n’ importe où. Dans ce qui est censé être le plus grand hôpital du pays.

Dimanche, de la semaine d’avant, entre une heure et deux heures du matin. Plus ou moins émoussés. Que dis-je? Bien émoussés. Les nerfs à fleur de peau, un ami malgré nos tentatives de l’en dissuader enfourcha sa moto et partit. C’est le moment de rappeler á tout un chacun  de s’abstenir de conduire motos ou voitures après ne serait-ce qu’un verre d’alcool. De ne même pas monter sur un zemidjan à l’haleine chargé. Cette mauvaise habitude qu’ils ont de se shooter au sodabi et autres tramadol espérant tenir toute la nuit. N’y montez pas. Parce qu’à défaut de vous soigner l’hôpital vous aidera à mourir, à devenir handicapé, à trainer des séquelles toute la vie, quoique vous l’auriez un peu cherché. Ce qui n’est pas toujours forcément le cas. Bon nombre de patients ne choisissant pas volontairement de se retrouver à l’hosto. Ainsi à peine deux kilomètres devant, mon compagnon de beuverie se retrouva en train de signer des autographes au goudron. Ç’aura été drôle s’il n’était pas plus ou moins inconscient et recouvert de sang et de blessures.

Le temps pour nous autres d’arriver sur les lieux, une fois n’est pas coutume, une ambulance garée, des sapeurs-pompiers s’occupaient déjà de mon ami. J’aurais voulu qu’on l’amène dans une de ses cliniques privées pour qu’il puisse bénéficier de meilleurs soins, comme je le suggérai tout en redoutant la facture salée, aux ambulanciers. Refus catégorique de la part de ces derniers. Nous traitons avec le public. Direction le CHU. L’espoir suscité par la vue des murs dudit centre sera vite anéantie dès l’entrée des urgences. Tout un magma d’êtres humains aux  maux divers. Des accidentés, des brulés etc…On se croirait plus devant le fleuve, dans la Bible, où le premier malade à se jeter dans l’eau guérissait. Chanceux avons-nous été car devant repartir l’ambulancier a fait passer notre cas devant et signer ses documents. A croire que nous avons réussi a sauter dans l’eau avant les autres. Notre joie a été de si courte durée. Un infirmier de service, ma dit ne pouvoir lever le doigt qu’après accomplissement des formalités d’entrée. Mes supplications pour qu’ils s’occupent déjà de mon ami le temps que je cours payer les frais d’admission, à peine deux ou quatre milles,à la caisse qui curieusement se trouve à plus de 500 m des urgences, malgré que je lui ai montrer des liasses, mettant même ma carte d’identité en garantie, pendant que l’autre gémissait ( il m’avouer après avoir cru mourir de douleur), ils ont refusé net.

Fallait me voir courir, évidement avec au moins un litre de bière dans le ventre, me perdre deux fois de direction, arriver enfin à la caisse et découvrir que le caissier de garde( un seul pour un si grand hôpital) ne faisait rien de moins que ronfler à l’arrière caisse. Deux minutes pour lui permettre d’émerger de son tranquille sommeil, et remplir la fiche sur un logiciel informatisé d’un seul doigt. Imaginez la lenteur. Une minute pour insérer le nom, une autre minute pour l’âge, une pour le sexe, deux pour imprimer ; pour enfin se rendre compte que la date était restée sur  celle de la veille alors qu’il était déjà deux heures du matin. Donc corbeille et reprise de tout ce qui vient de précéder. On essaie de compter de un jusqu’à dix car parler retarderait encore plus le service et compliquerait l’état du blessé. Quand enfin on émerge aux urgences et c’est maintenant que l’infirmier trouve le temps de vous demander de lui raconter ce qui s’est passé alors qu’il y avait un troisième ami reste près du blessé, on a juste envie de faire passer l’infirmier des urgences à la morgue. Où se trouve la conscience professionnelle, la conscience tout court? Et quand il vous écrit une succession kilométrique de médicaments, tout en vous invitant, tenez-vous bien daller « demander les prix à la pharmacie et de revenir »et que novices que vous êtes, vous faites cinq minutes aller-retour avec les prix et qu’il vous demande de lui donner le montant écrit, car il a ces médicaments à sa disposition et veut en faire tranquille son  petit commerce, personne ne peut vous empêcher de gifler quelqu’un. Des médicaments censés secourir d’URGENCE des patients qui se retrouvent objet de commerce de la part de ces ‘‘tontons macoutes’’ pendant que des individus souffrent. Loin, loin le temps où je trouvais juste la grève du personnel du CHU.

Trop facile de critiquer le gouvernement pour le manque de personnel, de matériel, des mauvais conditions de travail quand le peu, le minimum qu’on est censé faire arrive à ne pas être assumé. Quand  on prend son service et qu’on voit un accidenté devant sa porte pendant une semaine, que ses plaies suent, mais qu’on le laisse mourir à petit feu. Où se trouve la charité ? Ces ONG ? Les petites monnaies que nous versons dans les caisses d’aide dans les banques, les hôpitaux servent à quoi ? Ailleurs on s’accorde à dire que c’est le lot de nous autres petit peuple. Mais ici ce qui sidère encore plus, c’est quand,même avec des  moyens on ne peut s’octroyer des soins décents. Absence d’infrastructures, de matériel, d’incompétence etc… et que faisons-nous ? Nous construisons des temples. Prenons des maitresses. Les enceintons toujours plus sans penser aux soins que recevrons ces mamans ; en se disant c’est Dieu qui a donné, il en prendra soin. Nul besoin de préciser que la recherche médicale est inexistante dans ce pays. Normal que nous soyons encore la à attendre les recommandations de l’OMS en matière de santé. . Rien n’a été retenu de l’épidémie Ebola. Prochainement nous redeviendrons de fervents chrétiens, de fervents adeptes animistes, le temps pour cette maladie de tuer des milliers de gens et voyons le bon côté des choses le temps pour les animaux de brousse de s’engraisser et régaler nos palais quelques mois plus tard.

En écrivant ces lignes je ne pus m’empêcher de penser à tous ces malades qui attendent d’être soignés, ces accompagnants qui deviendront malades fautes de s’être fait piqués dans les cours d’hôpitaux par les moustiques, à ceux qui n’ont pas les moyens pour espérer obtenir des soins, à ces riches qui meurent souvent pour n’avoir pas embarqué à temps pour se faire soigner à l’étranger, à tout un chacun de nous qui risque un jour de se retrouver dans la même situation, à tous ces braves, ces bras qui auraient pu contribuer au développement de ce pays mais qui sont partis.. La santé est un bien précieux. Prenons en soin. Gouvernement, personnel soignant, population etc… Pour nous. Pour l’avenir de ce pays. J’espère pouvoir relire cet article dans quelques années et en remplacer le titre par ‘’ La santé avant au Togo’’.


Vœux…. Et ça continue.

Traditionnels vœux, et traditionnels vœux réciproques débouchant sur les traditionnelles bêtises. Le monde ne va pas bien et c’est pas nos voeux même les plus sincères qui y changeront quelque chose. Pour autant nous espérons naviguer sur de meilleures vagues pour arriver à bon port, ne pas chavirer comme plus de ces 5000 personnes que la méditerranée nous as pris l’année dernière.

C’est un chiffre effarant et effrayant car pendant que nous faisons la fête, comptons nos économies, detournons fiscalement, se saoulant à qui mieux mieux, 20 personnes décèdent par jour en mer dans une indifférence certaine. Leur faute, fuir des situations qu’ils (et de plus en plus d’elles) ne maîtrisent pas ou plus. Car bien évidemment ce chiffre augmente. Pour une année de record celui ci est de trop.

Triste que dans ce siècle, des gens munis de rien que leur rêve, à la recherche de »  leur » bohneur puissent ne rencontrer que de la désolation. Le moment n’est pas à rejeter la faute sur tel ou tel mais à essayer d’améliorer le quotidien de ces chers migrants qui fuient une guerre, une famine, un régime politique, une injustice ou simplement à la recherche de mieux pour qu’ils restent chez eux mais en vivant mieux , en ayant des rêves, en les réalisant et en construisant notre mère Afrique.

Que 2017 voit moins de gens périr en mer. Pas par le simple fait de changer d’année mais parceque nous arrêterons ces guerres inutiles, nous travaillerons mieux, nous auront un respect accru de l’autre, que les frontières seront plus accessibles, qu’il y aura moins d’injustice, que nous seront plus instruits, comprenant mieux les choses, répandant plus d’amour autour de nous et évitant ces rapports de force ubuesques qui ne nous amènent nulle part.

N’avons nous pas en commun l’air que nous respirons, ne ressentons nous pas les mêmes douleurs pour regarder des vies partir en « liquide » sans plus d’actions que de repêcher, de décompter, de fermer, de séparer, de juger, de condamner, de construire des barrières ?Allons régler ces problèmes à la source plutôt que de leur trouver des solutions maquillées. Que 2017 voit baisser ces hécatombes humaines.

Plus de solidarité cette année. Plus d’amour. Plus de fraternité. Plus de projets réussis. Moins de gabégies. Moins de frictions. Moins de guerres. Moins de morts en Méditerranée. Moins de détournements. Moins de barbaries au nom de Dieu.  Pour l’humanité, Pour les migrants, pour les réfugiés. Pour l’Afrique.


#FaisonsLesComptes

Quand des individus sournois prennent en otage la vie en général et les finances en particulier d’un peuple, on assiste à des dérapages dignes des autres scandales fiscaux – et ils sont nombreux – qui ont jalonné cette année 2016. Comme à chaque fin d’année, faisons le bilan, histoire de déterminer le bon du mauvais. Il s’agit de prendre des dispositions pour faire en sorte que les mêmes erreurs ne se répètent pas, et nous devons ici demander des comptes à nos dirigeants (même si cela équivaut à un coup d’épée dans l’eau). Qu’en est-il de leur vol, leur gestion, leur digestion… avec notre argent, nos sous, soit disant pour soutenir les Eperviers (l’équipe nationale togolaise) à la CAN 2013 !

Pourquoi avons-nous attendus trois ans me diriez vous ? Non pas que nous soyons devenus plus matures aujourd’hui. Mais juste qu’on risque de vivre la même arnaque sous peu. Or la sagesse populaire de ce bout de terre de 56.600 km2 nous incite à fuir le ver de terre quand on a une fois été mordu par un serpent. Morsure qui nous a coûté la peau des fesses il y a trois ans ! Fesses de cette vieille à Amou oblo, qui s’est vu subitement enlever des dizaines de francs sur son compte et qui n’a pu qu’accuser son petit dernier de lui avoir volé son crédit. Fesses de ce taxi man qui n’a pas pu jouer au loto ce jour là car il s’est vu entendre en plein appel « votre crédit est insuffisant pour effectuer cet appel ». Il est ainsi passé à côté de ce « two sure » dont il communiquait justement les numéros par téléphone à son ami. Ou encore fesses du jeune Moussa qui a perdu la bandante Akouvi du quartier parce qu’il n’a pas pu lui envoyer un sms qu’il avait pourtant promis d’écrire, faute d’argent : il n’avait que 19 francs au lieu des 20 francs nécessaires sur compte.

Bref, comme moi, des milliers de personnes se sont faits délester de millions de francs contre leur volonté, c’est vraiment sidérant (j’avance ce chiffre parce qu’on a pas les chiffres officiels justement). Et ce pour soutenir nos « chers » Eperviers à la CAN 2013 . Non seulement la situation est scandaleuse, mais la manière de faire l’est aussi. Foot et argent public font deux. Les opérateurs et les autorités (curieusement les mêmes) ne devraient pas imposer, c’est à dire VOLER systématiquement, mais proposer. Ils devraient donner la possibilité à ceux qui le VEULENT (par exemple par une souscription VOLONTAIRE) de participer aux dépenses de la CAN. Dans les grands clubs européens (normal, vu qu’ils nous vendent la démocratie) les supporters qui sont actionnaires ont le droit de vote, ils participent aux congrès, ils votent le budget, ils choisissent les dirigeants qui leurs rendent des comptes à la fin des exercices etc.
Bah au Togo non !

Si on avait gagné la CAN la pilule aurait été moins amère à avaler. C’est vrai, le foot va mal en Afrique, mais la moindre des choses est de nous présenter des chiffres,  même fallacieux (par exemple : riz et akpan à 6 millions/jour, champagne de l’attaquant 10 millions, boeufs du marabout de l’équipe « x » millions, impôts sur les fautes « y » millions etc.) ! Et ceci pour la simple raison que c’est de l’argent public. Mais on attend toujours…

C’est vrai, la graine de maïs n’a pas raison devant la poule (l’Epervier), mais que ta poule aille picorer les graines de quelqu’un d’autre et il y a un pas vite franchi. Surtout que tu n’ ailles pas t’excuser auprès du voisin, ni pour proposer de le dédommager, ni – encore plus sadique – pour vendre cette poule, à perte ou à profit, d’autant plus si tu ne le mets pas au courant, c’est franchement pas bienséant. Et ici c’est de la mauvaise gouvernance.

Pour le Togo, pour les Eperviers, pour qu’ils aillent loin dans cette prochaine CAN, pour nos pauvres sous, pour le taxi man, Moussa , la vielle… et enfin pour nous tous #FaisonsLesComptes.


Bonne rentrée

Adieu vacances si tard finies…. c’est l’école qui recommence. Donc dans des tenues pimpantes pour les plus chanceux, les anciennes pour les moins lôtis ; chacun fait sa rentrée. Mais quelle rentrée ?

Avec de nombreux absents

Pas ceux dont les parents sont irresponsables. Ni ceux dont l’écolage n’a pas été trouvée. Mais ceux, triste départ, tués dans de nombreux accidents de véhicules de retour de boîte. Celles qui attendent de donner la vie. Involontairement pour la plupart. Pour avoir trop fêté les vacances. Les futurs jeunes géniteurs étant aussi pour une partie aux abonnés absents ayant souvent été obligés de se trouver un job pour subvenir aux besoins de leurs futures familles.  Sans oublier les découragés d’avoir échoué une énième fois et ceux partis à l’extérieur.

 

Vivement plus de protection sexuelle lors des prochaines vacances. Et plus d’éducation sexuelle lors des cours. Plus de prudence de la part des parents. Une prise de responsabilité dans l achat de fournitures et du payement d’écolage. J’allais oublier ces demoiselles victimes de scandales nudiques et ludiques (photos nues) sur les réseaux sociaux et qui ont aussi abandonné les classes.

Après le sommet, le sommeil

Pour des vacances si longues, ne nous étonnons pas des tares que nous allons découvrir dès la rentrée. Quid de ceux qui oublieront leur table de multiplication, des profs qui viendront à demi bourrés et fatigués dèss le matin. Quid de celles qui prendront un mois avant de rentrer dans le bain jusqu’à ceux qui perdent même leur écriture. Depuis quand Facebook et autres développent l’écrit ? Le sommeil sera évidement au rendez vous.  Du coté prof comme élève. Et comme quand on dort le temps passe vite, ils se réveilleront très tard pour les examens pour certains et pour d’autres dans la course à la fin du programme. Mais qu’à cela ne tienne quelque soit la durée du sommet la rentrée aura lieu.

Nombreux ont espéré un report. Yoah ! Fin de non recevoir. Voulez vous que ces profs vacataires meurent ? Ces vendeuses d’ayimolou ? Les étudiants répétiteurs ? Les zeds ? Nos pauvres parents fatigués des bêtises etc.  Certains doivent revoir leur petites copines avec parfois des surprises. Leurs pôtes. Des champs de prof qui attendent d’être sarclés.  Bref la rentrée est là.

Des vœux de bonne rentrée s’imposent

De santé avant tout. Aux élèves, enseignants, et leurs chefs en haut loin là-bas  D’attention, de régularité et surtout de réussite. Plus de gratuité de l’école. Un taux de réussite plus élevé pas en contradiction avec la baisse de niveau. Un remodelage de l’éducation nationale. Et surtout moins de grossesses élèves profs ou vice versa. Moins de grèves forcement suivi de l’amélioration des conditions de travail des profs. Plus de bourses d’études atteignant les vrais destinataires. Moins de temps sur les réseaux sociaux car jeunes vous êtes l’avenir de notre espèce et une tête bien faite est toujours mieux qu’une tête connectée.  Bonne rentrée. Pour tous.


Prix Nobel ou label ?

Casques vissés sur les oreilles. Musique à fond. Un peu de beuh. Pourquoi pas ? Essayons de trouver un digne successeur à la biélorusse Svetlana Alexievitch  qui  a été couronnée  je cite pour son « œuvre polyphonique… et du courage à notre époque » l’année dernière. Ce doit être l’état d’esprit des académiciens suédois lors de leur choix du libelliste, pardon nobeliste 2016 de littérature. Faisons pareil. Un tour sur Youtube. Écouteurs branchés pour ne surtout pas déranger le vieux qui ne comprends rien à ce que raconte ces chansons, et célébrons ce que Bob pas Marley a apporté a la Musi… Oups littérature.

Les suédois sont champions de la contradiction

Ces honorables académiciens ont surement dragué leurs premiers conjoints sur du « Like a Rolling stone » ou du « Blowin in the Wind ».  Et à cause de ça ils imposent à plus de 7 milliards de personnes leur goût musical. Monsieur Bob n’a toujours pas réagi pendant que j’écris ses lignes à son titre. Je parie qu’il a un(e) auteur(e) de littérature préféré qu’il aurait aimé voir couronner. Mais non, au nom de la pseudo neutralité suédoise et de la super puissance américaine on alterne entre une (bielo) russe et un américain et on continue. Nobel Alfred doit se retourner là où il est. C’est quand même de la poudre de dynamite qu’ils ont injectée là.

En gros nous avons pris acte. Qu’ils ne cherchent pas en plus a nous faire avaler la pilule avec de la ciguë. Il « parle aux oreilles ». Les Grammy sont faits pour quoi alors ? Il partage des émotions. Lebron James ou Adebayor en font pareil. Pourquoi ne sont-ils pas récompensés ? Fallait juste créer un Nobel de musique et le tour est joué. Ces têtes bien dansantes, pensantes ont fait du gros n’importe quoi. Ils n’ont pas bien joué leur partition. Ils ont mis le do à la place du mi etc. Ils ont « zlatanné » comme disent les français. Je comprends mieux alors certaines choses. Comme inventer la dynamite pour se faire après chantre de la paix. Il fallait y penser.

N’importe qui peut devenir Nobel de littérature.

Même si Bob Dylan n’est pas n’importe qui. La charité bien ordonnée commençant par soi, je commence par nous. Les blogueurs peuvent devenir Nobels.  Mon frère Kpelly trouve que Kim Kardashian aussi peut y accéder.  Elle a le potentiel pour. Pareil pour une dame du nom de Rigogo qui fait des post vidéos sur Whatsapp et célèbre au pays. C’est tous des gens qui parlent à nos oreilles, certaines mêmes font plus, elles parlent à nos entrejambes. Suivez le regard. Aussi allaient-ils prendre Beyonce et Chimamanda Ngozi Adichie j’aurais applaudi, qu’ils sont sortis des sentiers battus. Là ils m’ont juste abattu.

Mais enfin pourquoi Dr House n’est pas encore Nobel de médecine ?

J’espère pour eux qu’ils se réveilleront vite de leur anesthésie et feront des meilleurs choix prochainement. Sinon qu’ils démissionnent et laissent la place à d’autres. C’est censé être un prix littéraire ou quoi ? Imaginez un peu Dj Arafat Prix littéraire de Cote d’ivoire. Je leur propose encore un prix Nobel d’honneur pour récompenser n’importe quelle stripteaseuse, videur de boîte, pape, joueur de foot, narcotrafiquant, griot, dictateur, braconnier etc. qui aura fait quelque chose de louable à leurs yeux. Aussi vois-je sérieusement Toofan au prix Goncourt.

Et l’Afrique dans tout ça ? Nos littéraires écrivent-ils pour nous ou pour des papys suédois ?

Ne comptez pas sur moi pour lire des pleurs sur le continent qui n’est pas ou peu représenté. « Aménto yé yo na ébe akple coin bé akplé  kon ». C’est toi-même qui appelle ton petit morceau de pâte grand morceau. En gros la valeur se confère à soi par soi même. Plus que jamais un GRAND prix littéraire est vivement souhaité sur le continent. Et arrêtons de crier que Soyinka est le premier noir Nobel de littérature en 86 et soyons plutôt fiers de nos prix littéraires nationaux et inter-africain. Plus nous attachons de la valeur à ce Nobel plus nous avons mal de ne pas l’avoir. Demandes à un jeune auteur son rêve, il te parlera du prix Renaudot, du Nobel etc. La musique est intervenue donc parlons-en. Un Mtv Award est plus intéressant à nos yeux qu’un Kora. Rappelons que tous ces nombreux prix ont atteint le niveau qui est le leur par leur sérieux, leur régularité et le niveau des concurrents. Et que aujourd’hui plus que jamais pour nous la culture littéraire ou non est un enjeu d’hégémonie.


Les bonnes manières étaient africaines. Ma réponse.

Pour comprendre ce titre et se retrouver dans les lignes qui suivent, il se doit au prime abord d’aller lire mon con de pair, compère , Laurier lorsqu’il nous parle des bonnes manières  au travers d’anecdotes croustillantes et d’observations assez intéressantes. Fallait  vraiment y penser. autant ai-je pensé que certains tirs méritent d’être redressés.

 

Un proverbe de chez nous dit

« si tu vas dans un pays où les gens marchent avec la tête, fais pareil ».

Dire tout de go que l’africain n’a ou n’avait pas de bonnes manières, c’est aussi aberrant que les propos de Sarko ou de la candidate à  Miss RDC. Les manières sont bonnes ou mauvaises à l’égard des considérations purement culturelles des peuples. Une limite est vite franchie quand on prend quelques exemples et qu’on les utilise pour expliquer un fait général. Faisons le distinguo entre les bonnes manières et les règles basiques d’hygiène.

Aujourd’hui nous ne vivons plus dans des arbres contrairement à ce que beaucoup peuvent encore penser. Manger avec la main fait partie intégrante de nos cultures. Mais avec le développement de la science, les campagnes pour se laver les mains pullulent sur le continent. Et c’est tant mieux pour nous. Aller jusqu’à parler d’absence de bonnes manières franchement c’est trop dit. Imaginez un peu une table de convives avec des plats devant chacun et un plat central ou tout le monde plonge ses baguettes, l’enfonce dans leurs bouches respectives et le replongent dans le plat. Drôle d’échange.

L’homme de CroMagnon s’enroulait avec un pagne. Ses descendants portent des costumes trois pièces de nos jours.

 

L’africain n’a aucunement attendu le colonisateur avant de confectionner les tenues que nous jugeons « traditionnelles ». Nos métiers à tisser existaient avant eux. J’en veux pour preuve quelques tenues du Cameroun et du Burkina. Car au-delà de ce pagne enroulé autour de la taille, les tenues ont évoluées en fonction des climats et du milieu dans lequel les gens ont vécu. Et de grâce les africains sont la race qui mange le moins vite. Fastfood, etc. ….

Se servir d’un seul verre pour faire boire vingt personnes est totalement anti-hygiénique. Loin, vraiment loin cette époque ou on voulait faire croire que ça empêchait les empoisonnements. Avant les lingettes, qu’utilisaient les femmes……occidentales ? Le dévergondage s’accentue plus de nos jours. L’époque victorienne ne nous a pas attendus pour ça. Croiser quelqu’un et ne pas le saluer est signe d’extrême impolitesse en Afrique, du moins l’était. Le contact humain est important. Et pourtant combien de nos frères souffre de cloisonnement et de stress en  Occident ?

Les bonnes manières auraient été introduites en Afrique selon mon ami.

 

Autrement dit avec la colonisation, l’esclavagisme, le mépris de nos cultures, le pillage de nos biens. Si c’est à ça que rime bonne manières alors je n’en veux pas. Utiliser des cure-dents n’a rien de mauvais en soi.  Pas plus qu’utiliser des pâtes dentifrices chimiques. Les bonnes manières n’ayant rien à voir avec notre mode de vie. Aller au village et refusez de saluer tout bas les chefs traditionnels. C’est aussi déplacé que de refuser de baiser la main du pape.

Est-ce une bonne chose dans nos pays, que l’homosexualité ? Non ce n’est pas dans notre culture. Et pourtant les pays européens nous donnent des leçons sur ce phénomène. Je suis comme bon nombre de mes co-africains contre.  Pareil pour certaines pratiques sexuelles que beaucoup ont trouvé comme ‘’ déviantes’’. Mais après tout chacun fait ce qu’il veut. On ne les juge pas. Le sachet de « pure water »  n’est pas fait à la base pour être servi dans un verre. Donc, qu’une seule personne la fait avec sa bouche ne veut pas dire  que tous les Africains sont dépourvus de bonnes manières, je dis non.

Au risque de froisser certains, nos modèles politiques anciens d’avant colonisation, hormis sa barbarie fonctionnaient mieux que nos présidences et autres aujourd’hui. C’est au bout de l’ancienne corde qu’on tisse la nouvelle et pour ça, faisons attention avant de juger tel ou tel acte. L’Africain ne connaissait pas les boites de conserve et n’avait aucun mal en ne pas en utiliser. De la même manière que nous écoutons de la valse ne jugeons pas que l’Agbadja soit lié au vaudou et que ce soit de surcroît mauvais. J’ai adoré voir Davido ou encore Wizkid manger à la main dans leur clips respectifs.

Pour celui qui veut vivre chez nous, qu’il se prépare à faire comme nous.

 

Au risque de voir des gens mangers des avocats avec des fourchettes. Les autres ont réussi à élever leurs manières aussi mauvaises soit elles au rang de standard. Faisons pareil. Portons du kente, du pagne etc., pas forcément au détriment des Armani et autres. Tuer un poulet est une vue insoutenable, les abattre en masse c’est mieux. Et j’ai remarqué souvent aussi que les bonnes manières riment souvent avec l’absence de manières tout court.

Évidemment que c’est impoli de répondre aux anciens mais Laurier est un jeune comme moi donc on se taquine. Ce n’est pas pour autant qu’il faut garder nos mauvaises habitudes et refuser de changer certaines choses qui ne vont pas bien. Car dans ce rendez-vous du donner et du recevoir on a autant a donner qu’autant à recevoir. Surtout en tant qu’africains. Pour éviter aux futures générations de se perdre et d’oublier qui ils sont et d’où ils viennent. Au risque de voir le continent devenir un bateau qui flotte au gré des bonnes manières des autres cultures. Pour l’Afrique.


Lomé-Abidjan en bus, la désillusion

Un départ prévu à 14 heures 30 ne s’opère finalement qu’à 19 heures. On est déjà fatigué du voyage avant de l’entreprendre, il faut s’attendre à des soubresauts. Pas de sobres sauts. Et pourtant, armé de mon courage, d’un pain de cinq cents, d’un powerbank (outil du voyageur moderne), je me suis assis dans ce bus direction Abidjan à 700 km et provenance de Lomé. Je mentirai si je vous disais que c’est pour l’expérience de la route que j’avais décidé de prendre un bus. C’était beaucoup plus par souci d’économiser une centaine de mille francs CFA, de quoi passer un bon week-end à Babi. Et entre temps essayer de voir du paysage et rencontrer des personnes intéressantes.

Si je jouais au malin en croyant à l’unité de l’Afrique, mes convictions vont être mises à rude épreuve lors de ce trajet et ce dès la gare. Un Ivoirien, commerçant, venu acheter des chaussures à Lomé et a eu du mal à s’intégrer pendant les trois jours de son séjour, ne disposant pas d’assez d’informations en plus  de moyens plus ou moins limités. Il a dû dormir à la gare, s’est fait littéralement racketter à la plage (qu’est-ce qui lui a pris d’uriner à la plage?) par des brigands. Ainsi me parlait-il déjà de ses malheurs laissant augurer un voyage riche en rebondissements. Mon frère tout hilare au lieu de me souhaiter bon voyage a plutôt laissé entendre « Du courage ».

En retard sur le départ de deux heures
En retard sur le départ de deux heures

Si j’ai traversé avec une relative facilité la frontière  togolo-ghanéenne, mes voisins ivoiriens, n’ont pas eu la même chance. Descente en plus de présentation des pièces d’identité que tout le monde a déjà fait et racket de 500 francs chacun. Le tout dans une mauvaise organisation qui nous a coûté une heure, trente minutes de chaque côté. Ce qui démontre un manque criard de confiance entre les différents services douaniers. Patienter, assis dans un bus sans climatisation avec presque pas de fenêtres dans un poste de douane bondé. Avec un jeune qui écoutait tout haut sa musique.  J’avais presque envie de descendre et retourner tranquillement chez moi.

Si tout le monde était soulagé au premier ronronnement du bus, la dame derrière moi avec son marmot a trouvé que c’était le bon moment pour crier tout go : « chauffeur moi je veux pisser hein ». Le grognement collectif qui s’en est suivi a vite fait changé d’avis à sa vessie. Aussi avons-nous vite fait de plonger dans un silence  ou seuls les changements brusques de vitesse du bus déjà en voie de disparition venaient troubler notre tranquillité. Partir à 14h30 était un bon départ, histoire de voir du paysage, de se reposer à la tombée de la nuit et d’arriver tout frais le lendemain matin à Abidjan. C’était sans compter sur la cupidité, le retard et la police ghanéenne.

Si nous, moi en tout cas, avions pensé rouler dans le Ghana sereinement, la compagnie de transport a préféré nous mettre  vite dans l’ambiance. Au lieu de proposer un divertissement neutre vu la diversité des voyageurs (genre, âge, nationalité….), on s’est vu plongé dans de la tauromachie. Si si. Rien de plus que des individus en  train de se faire chasser et de se faire cogner par des taureaux sur les écrans. En termes de traumatisme les jeunes et les plus âgés ont été servis. Plus que des Oh oh, et des petits cris partout dans le bus. Ils ont cru faire du sensationnel. C’est raté et ça laisse une image de ce que ce c’est les transports et les services en Afrique. Ça ne respecte pas et surtout ça laisse à désirer.

Si les murmures ont été lents à venir, ils ont eu finalement raison de la programmation spéciale. Vive la musique ivoirienne… exclusivement  pour 24 heures. A défaut de paysage, nous avons assisté à un ballet des policiers de la route ghanéenne. Chaque cinquante kilomètres, le bus ralentissait. Des billets changeaient de main. Avec une rapidité et régularité déconcertante. Dans le sens du chauffeur vers l’agent sur la route. À certains endroits, un policier zélé, avec des bribes de français (carte d’identité, 1000 francs, 500 francs), montait et se faisait remplir les poches. Vive le panafricanisme. Vive la CEDEAO. Mort à la libre circulation des biens et des personnes.

Si la résignation, la frustration, les muscles ankylosés ont eu raison de notre volonté à scruter le noir essayant d’apercevoir les lueurs d’Accra, l’air refusait toujours de rentrer. Pourquoi ? Les deux ou trois rares fenêtres laissaient passer assez suffisamment d’air pour nous aérer mais assez aussi pour geler les passagers assis juste à côté. La dame derrière n’a jamais cessé de piailler. Tantôt « chauffeur moi j’ai chaud, » tantôt « mon enfant veut aller aux chiottes »  avec son drôle d’accent  (éternel problème d’accent) qui faisait qu’on avait envie de rire. Le summum fut quand elle a commencé à changer les couches de son marmot. J’en étais presque arrivé à détester les gosses.

Si vous pensez que nous étions arrivés au bout de nos peines, vous vous trompez. Un bus qui fait marche arrière sur une autoroute. Des odeurs de  nourritures emballées la veille. Et les pannes. Les fameuses pannes. Sèches. Croire qu’on est au 21 e siècle. Imaginez ces pannes dans les airs. Hum… en plus  des rackets de policiers, il y a  eu le racket interne. Et pourtant, j’ai pris la peine de demander au départ si j’aurais à payer en plus des deux milles dont ils m’ont déjà soulagé pour ma petite valise. À ce que j’ai compris les frais de voyage n’incluent pas la valise (même avec une limite de poids) en Afrique. C’est trop scientifique pour eux apparemment.

Si se soulager en route était en soi un chemin de croix. S’il faut le faire en brousse. S’il faut être sur ses gardes. Ne pas se faire braquer. Ne pas se faire mordre par un petit animal quelconque. Le faire au poste douanier d’Ilebo (frontière Ghana Cote d’Ivoire) n’est pas aisé non plus. Il faut payer 50 francs pour aller uriner et 100 francs pour l’autre. On se lave pour cinquante francs de plus. Toutes les devises sont acceptées. C’est au moins ça l’intégration africaine. Moi qui pensais jusqu’ici que les policiers ou douaniers (de la route)  guinéens et sierraléonais juste avant les ghanéens et nigérians  étaient les pires au monde, j’allais être bientôt servi.

Poste de douanes d'ILEBO
Poste de douanes d’ILEBO

Si vous avez l’habitude des aéroports, vous vous attendiez toujours à la fouille de vos bagages. Le poste de douane de Noé dès l’entrée en terre ivoirienne n’échappe pas à la règle. Mieux elle fait la fouille avec ses propres règles. Avec la même sensation d’inconfort que l’autre règle. Imaginez le décor. Cinq ou six bus ayant attendu toute la nuit pour cause de frontière fermée débarquent en même temps au poste de douane. Entre cinquante et quatre-vingt personnes chacun. Nombre de valises fois deux ou trois. Contrôle de pièces et des marchandises. Pas assez de douaniers  et surtout pas de scanners. Deux à trois heures de temps ainsi perdus. De quoi assommer définitivement notre résistance.

Si vous êtes assez impolis pour demander des explications. On vous répondra que la frontière ivoirienne est poreuse et que les autorités craignent le trafic d’armes en provenance d’éléments ayant fui le pays suite à la crise de 2010 -2011. Je dirai moi que c’est plus pour se faire des sous, sur les bagages, les marchandises et autres taxations en tout genre. Ne dites pas le contraire. Vivement qu’il n’y ait pas de trafic illicite. Il en va de notre sécurité. Si c’est vraiment le cas, l’installation de scanners est vivement recommandée à la place de ces douaniers véreux et corruptibles. Mon voisin ivoirien ne s’est pas retrouvé dans tout ce brouhaha et on a dû partir sans lui.

Si c’était à refaire, je ne le referai  pas. Quoique ce fut une belle, pas bonne, expérience. A l’heure du bilan, le résultat est largement négatif. Sur le plan du voyage. Zéro confort, total inconfort. Pas de magnifique paysage. Ni de magnifiques femmes. Elles se trouvent toutes sur les vols. Comme j’ai pu le constater à mon retour. Par le vol évidement. Sur le plan de l’unité de l’Afrique. Zéro avancée. Pas d’égards pour les ressortissants. Aucune effectivité de la libre circulation des personnes et des biens. Le discours des chefs d’états n’est pas suivi. À moins que ce soient eux qui ne donnent pas des instructions fermes  à leur administration respective. Il faut que ça change. Pour l’Afrique.