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KASSAV

Kassav à Lomé. Crédit Photo :Belizem.

Je tweetais récemment que le bonheur c’était de se réveiller et écouter Kassav. De ma génération c’est un mensonge de dire que cette musique nous est familière. Par contre si beaucoup de nous, dans cette tranche d’âge savent ce que c’est, sommes devenus fanas et parfois après quelques bières osent dire: « la musique c’était mieux avant » c’est dire toute la puissance, la beauté, l’impact etc que ce groupe et sa musique véhiculent.

Ce matin j’écoutais comme d’habitude cette bonne musique et au fil de mes recherches sur internet je suis tombé sur un excellent documentaire concernant le groupe. Que d’émotions ! Leur début, leur évolution. L’histoire derrière. Celle d’Afrique et de ses diasporas comme l’aime dire Claudy. La beauté des îles, le vécu et les ressenti.. Et oui enfin je comprenais certaines paroles sur lesquelles nous nous dandinions.

Si vous aimez la bonne musique, allez écouter. Émotions guaranties.. J’en ai vécu des concerts mais les voir à Lomé lors de leur quarante ans alors que pleins parmi nous ont été conçus sur leur musique, bien sûr nos vieux amenaient nos mères zouker sur du Kassav (et plus si affinités)et nous autres récemment avions fait pareil sur le remix de Toofan avec Jacob Desvarieux avec de charmantes jeunes filles, j’en ai encore la chair de poule.

La présence scénique, l’émotion retransmise, uniques. Je me suis amusé à suivre l’évolution physique des membres du groupe et si Madame Beroard est l’exemple même du blackdontcrack, drôle est de constater que les Decimus qui auraient pu se moquer de la corpulence de Jacob se retrouvent 20 mais que dis je 40 ans plus tard avec un bide et l’autre plus affiné. « . Une pensée ici aux absents et au temps qui file. En attendant profitons.!


La bière veillance du Seigneur.

En ces moments de réouverture des activités et des bars; surtout pour cette jeunesse en manque de loisirs et qui oublie souvent qu’il faut travailler d’abord avant d’aller profiter, le Seigneur dans sa bienveillance s’est souvenu de nous et nous a gratifié un vendredi soir de beaux verres de houblon fraîche. La compagnie fait le chill aime dire un ami, désormais c’est le cadre qui fait le chill.. Imaginez un bar en face d’une église, des chaises sur le trottoir allant jusqu’à déborder sur le parvis sous l’oeil approbateur et complaisant d’un Jésus sur sa croix et dont se souciaient peu les buveurs d’un soir qui avaient porté la leur toute la semaine.

Ce bar méritait qu’on l’appelle le confessionnal. Chacun étant le confesseur de son prochain. Normal vu que les sièges étaient du vin, divins.. Divin car il paraît que le premier miracle était de la transformation d’alcool en vin. Euh de l’eau en vin. Il faut croire qu’il subsiste encore des gouttes d’alcool dans l’organisme. Oui oui ! du gel hydroalcoolique versé sur la main ce matin au boulot. Aussi mécréant que ça puisse paraître, nous étions deux, trois voire plus et le seigneur était parmi nous puisque nous avions senti sa pression,enfin présence.

Malheureusement qu’il fut blanc Jésus et nous autres pas au nombre de 11 sinon c’aurait été le souper ou le goûter du christ car cette mise en bière n’aurait pas été complète sans soupe. De mouton ou d’agneau en ce cas précis. L’éternel étant notre brasseur, berger oh berger, nous ne manquions de verres. De vers par contre nous manquerons. Les parasites, et c’est notoirement connu ne survivent pas à l’alcool. Tout ce que le seigneur fait est bon. Comme le houblon.


Voyons le côté positif de la chose. Nul besoin de Google map pour se retrouver. Les filles connaissaient forcément l’Église, les zedman pareils. Du coup c’était faire d’une bière deux coups. Boire sur le parvis d’une église un vendredi soir c’est comme faire la messe au mess des officiers du Seigneur. Il y a longtemps que les gargarismes au couvent attendaient de rejoindre la traditionnelle dégustation du vin de la Sainte cène. L’histoire ne nous dit par contre pas si les disciples se retrouvèrent le lendemain avec des cernes.


Il était une fois le BlogCamp228.

Au nord, je suis allé. Pour cette deuxième fois consécutive (les amateurs de foot comprendront), je crois avoir tenu le bon filon. Le pays s’étendant de façon longitudinale, je n’ai pas à rougir des six galons de certains car ayant réussi sur deux éditions à atteindre les deux bouts du pays. L’année dernière c’était, au sud. A Aného. Belle expérience.  Cette fois ci c’était Défalé. Le paysage y est magnifique. L’habitant, spécial. L’habitante aussi.

Pour ne pas faire du laudatif, disons simplement que le #blogcamp228 dans tout son ensemble est une formidable aventure humaine. Pleins en reviennent transfigurés. Le recueillement et le simili pèlerinage de cette année en sont surement pour quelque chose.

Lorsque des jeunes, de corps et d’esprit se regroupent, le temps d’un weekend pour réfléchir sur leurs perspectives d’avenir, les enjeux de leur passion ou métier, il faut s’attendre à des constructions époustouflantes de l’esprit. Si vous voulez connaitre les coulisses, bah faudra y participer la prochaine fois. J’attendrai patiemment par contre les quelques succès stories qui auront eu pour naissance une participation à ce camp.

Vous apprendrez forcément un nouveau truc. Si ce n’est dans les panels, ça se fera autour d’une discussion avec un professionnel. Autour d’un verre, ou en essayant de faire fuir la chaleur au bord d’une piscine. La principale leçon que j’aurai moi, retenue de cette aventure est le besoin vital de se faire un max d’argent. Plus glamour disons : monétisation.

C’est beau d’avoir des idéaux, des rêves etc… surtout quand on est jeune. Mais c’est encore mieux et important d’avoir les moyens de les réaliser. Car à jeun, les idées ne tiennent plus la route. Parlant de route, prenons-la plus souvent. Nos pays regorgent de cultures, de spécificités, parfois de certaines incongruités qui ne demandent qu’à être découvertes.

La jeunesse est un risque à courir disait Youssoupha. Courons-le alors ! Risquons aussi. Découvrons, participons, discutons, apprenons, chutons pourquoi pas mais à la fin relevons nous, construisons, innovons, monétisons surtout et au soir de notre jeunesse, nous aurions gardé de beaux souvenirs, des amitiés intemporelles, de belles leçons, des expériences inoubliables à raconter et à se dire quelle aventure unique fut le blogging et surtout cette rencontre hors du virtuel qu’on appelle le Blog Camp. Du 228. A la prochaine.


Des boules de kohm à la loi d’Ohm

Tout est bon dans l’épis de maïs dixit le salaud. Normal, feu père de la nation en a fait l’emblème de feu son parti (hehehe). La belle époque diront les plus vieux d’entre nous. Époque où les dames en veste à épaulettes et les tontons, Awooyo sur la table allaient danser à la belle étoile. Ce breuvage en est sûrement pour beaucoup dans la venue au monde d’Etienne. Vu la révérence qu’il lui porte et surtout sa célérité à la boire pour ainsi selon ses dires embrumés, perpétuer l’héritage du père de la nation.


Donc samedi soir, (c’est toujours un samedi soir), l’ordre de mission pour venir manger kohm, m’est parvenu très tard. Ne pas trop compter sur un buveur d’Awooyo pour transmettre les commissions. Ils sont pour la plupart indignes de confiance après une bouteille. Mais qui suis-je pour refuser une escapade au pays des boules fermentées et du poisson fût-ce tard dans la nuit ? La légende affirme qu’une boule de kohm équivaut à une pinte d’alcool, fermentation et levure obligent.

Fort de ce constat, je trainai ma bosse sur le lieu des hostilités. J’avoue que les débats étaient avancés, mais ça parlait encore de Joyce la travelo, de maquillage, de voix déformée, pas par l’alcool, de foot et de faire des bébés (héhéhé).Heureusement qu’ils n’étaient pas encore saouls pour parler de Pnd et que le Doing Business n’était pas encore sorti. ( Faudrait penser à nous inviter pour le prochain Kohmité de restitution).


J’aimerais quand même reveniiiiiiir ( les fans de Dieudonné et Ngijol comprendront) sur ces comités réduits, pour le plus grand bien des mangeurs, où le retardataire n’a pas toujours tort. Et puis bouche qui mange ne se disputant pas avec bouche qui boit nous avions pu valablement rendre hommage aux plats fumants devant nous. Malgré tout, il n’y a que des intellos frustrés, des écrivains primés traînant à moto en temps de pluie (foutu pays où l’argent ne suit pas la reconnaissance), des blogueurs au clavier éteint, unis par le lien sacré de l’alcool, même si l’hôte du jour ne chillait pas vraiment, pour sortir des: ‘’Ornella,
Ne t’en fais pas,
On est la’’.


C’était le cercle des boules poètes disparus. Car ne vous fiez surtout pas aux apparences, un mince estomac comme celui d’Eli peut aussi bien ingurgiter six boules de kohm que le mien.


Moralité de l’histoire


Ne jamais faire une commission six partite, draguer une servante, échouer à prendre son numéro car Benedicta lui aura dit que tu aurais une bonne femme qui t’attend à la maison, ensuite écouter Ma salope à moi de Doc Gyneco en rentrant et enfin vouloir s’astiquer le manche. Les dernières traces de sauce piquante sur ta main se feront un plaisir de te rappeler la dure loi de résistance électrique d’ (K)ohm.


L’hospitalité légendaire d’Afrique n’est pas un mythe

Ndi nami (bonjour en langue éwé). Il y a longtemps qu’on ne s’est plus vus ici. Comment allez vous ? Je vais bien. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles, dit l’adage. (Faudrait que je cherche en éwé l’équivalent de cet adage). Je vous épargne les sarcasmes. Le français, quoi qu’on en dise, nous a réunis. Bloguer est aussi livrer un peu sur soi-même. À croire que cet exercice nous sert d’exutoire. Bref, je ferai un autre article sur mes états d’âme. Aujourd’hui je viens vous parler de l’hospitalité africaine.

Par un heureux hasard, je me suis retrouvé après le blog camp de cette année dans une localité du milieu du Togo, un dimanche soir. Installé avec quelques frères dans un de ces châteaux inhabités, construits sur le recel de deniers publics. Belle architecture, beaux meubles, belle cuisine… mais pas de bouffe. Pourtant mon ventre, pour ceux qui me connaissent, est légendaire. J’ai malgré tout quelques amis encore plus soucieux que moi de l’utilisation du verre adéquat pour boire du sodabi que de la pertinence du mouvement.

Donc en l’absence de bouffe, mes compères et moi sommes sortis dans cette bourgade de quelques 1 000 habitants à la recherche de quoi se remplir le gosier. Peine perdue. Résignés à rentrer le ventre vide et appréhendant la faim de la nuit avec stoïcisme, les ancêtres (village oblige) nous ont faim, enfin fait un clin d’œil. Une cafétéria s’est retrouvée sur notre route de retour.

Ventre affamé n’a point d’oreilles. Je dirai plutôt que ventre affamé améliore la vision. Je laisse à la postérité le soin d’enquêter sur ce qui relève d’un ventre repu ou d’une question existentielle dans cette assertion. Rebelote à la cafétéria, il n’y avait que du thé et des omelettes. Quel Africain normal ne souffrant ni de diabète, ni d’obésité et d’hypertension prend seulement du thé même si c’est accompagné de dix œufs, et s’endort la nuit ? Je vous vous vois venir bande de classe moyenne.
Quelle ne fut alors notre surprise quand du fond de notre déception, une voix suggéra à la tenancière de nous faire une pâte maison accompagnée de tomates, de poisson et de piment (ebessesi) et qu’elle accepta sans sourciller ! Un trublion s’est même permis de faire une mauvaise blague, demandant si son mari serait d’accord ou pas. On a retenu notre souffle pour qu’elle ne réponde pas par la négative ! La jalousie des mecs de nos bourgades est légendaire.

Quinze à vingt minutes plus tard, repas prêt. Apéritif au rendez-vous. Il y a longtemps que je n’ai pas mangé d’aussi bonne pâte. Sauce tomate sans additifs, ni bouillon. Préparée à la poêle de nos ancêtres. Sur du feu de bois.  Le goût, exquis. Un litre de sodabi passé à travers nos gorges. Et tout ceci accompagné d’un sourire non artificiel.
Ce soir là, j’ai recommencé à croire en l’Afrique. Et son hospitalité. Pas pour subir naïvement une fois encore la colonisation, l’esclavage et autres agressions, mais pour le partage de nos valeurs. Le vivre ensemble. Etc. Je sais, je sais. Depuis quand je commence à croire en ces valeurs ?

Pour éduquer la génération suivante et leur transmettre une certaine bonté du cœur dans un monde de plus en plus obscur et plein d’animosité, vivons simples. Profitons d’un bon repas. D’une bonne compagnie. D’un sourire. Allez où subsiste encore des traces d’africanité. Jetez votre condescendance au dehors et profitez de la vie. Pour vous même.


Portraits – Le prêt d’Action

Beaugard Assion, 37 ans, gendarme de son état. Action pour les intimes. Déployé dans une de ces nouvelles brigades, dans un de ces nouveaux arrondissements du pays. Un bide de bonne taille qui débordait de partout son treillis. La guenon, même habillée en veste demeure une guenon disait mon grand père, et les dix ans de service militaire n’avaient en rien entamé sa soif de boire.

Du regret de ne pas être policier et soutirer des petits billets aux chauffards et autres motards pas en règle ou simplement imprudents, à celui de ne pas être douanier pour se faire de gros billets sur des marchandises devenues illicites au gré des humeurs, il s’est fait une raison, et vit entre les paris de loterie, la bière et le tchouck. La bière du 1er au 6, le tchouck le reste du mois. Où  vont se nicher les complexes ? À quand alors la valorisation des produits locaux? Cette question est ancrée très loin dans l’inconscient de notre ami.

Ses soucis se résumaient à la bonne pâte qu’Akouwa, sa femme du moment, lui préparait chaque soir, accompagnée de l’apéritif Sodabi – au fil du temps, et surtout de la mauvaise qualité de la nourriture, cela l’empêchait d’avoir fière allure du moins au niveau du ventre -, et au bonheur qui s’estompait toujours vers dix-neuf heures, quand la jolie dame annonçait les numéros gagnants du jour à la télé. Télé qu’il n’aurait d’ailleurs jamais achetée si ce n’était pour avoir la primeur du résultat du tiercé. Pour enfin, journalièrement contempler les heureux gagnants. Le bonheur est contagieux, et pour vivre heureux, il faut avoir des plaisirs simples. En tout cas, c’est l’une des principales leçons de vie qu’il a retenues de son passage chez les missionnaires catholiques, dans son enfance. La chicote qui était d’usage en est pour beaucoup.

‘‘Pouah » disait-il alors en voyant les résultats :  »Même au village on n’a plus de bon Sodabi« . Et cela, surtout quand il n’arrivait pas à accrocher un seul numéro sur les cinq du tiercé. Donc malheur le lendemain aux trafiquants de méthanol et de ‘boudè » qui se faisaient prendre par lui au détour de chemins sinueux. En plus de leur soutirer ce qu’il avait perdu la veille et prendre un peu de ce qu’il aurait du gagner, il prenait plaisir à sortir de son esprit ou d’ailleurs on ne saurait jamais, une de ces insultes:  »batardeau », ‘’zouave’’ etc. Toujours les plaisirs simples.

Malgré sa relativement longue carrière, ce n’est que récemment, avec l’autorisation de ses supérieurs, qu’Assion a pu bénéficier d’un prêt. À rembourser sur cinq ans. Faut-il s’en réjouir ? Vu le montant ?
Dans l’immédiat, il s’est quand même décidé à en jouir, à fond, de ces 1 millions volubiles. Allez, c’était décidé :  un (01) mois sans loterie. Sans Tchouk ni Sodabi. Apres un rapide tour chez lui, sans un regard pour sa femme, (faudrait même penser à la changer celle là) où il s’est délesté avec une once de regret de quelques dizaines de billets, il a naturellement pris le chemin du bar de Dame Akouvi. Tout joyeux. Après avoir payé ses dettes de bière, la fierté retrouvée, Assion lança tout de go une de ces remarques dont il avait le secret : « Quand ton salaire ne te permet pas de construire, il faut boire. Apportez moi deux Awooyo et frappez moi la musique militaire: l’argent appelle l’argent. »

Quand on paye on a le choix. De la musique. Privilège inouï dont il avait rarement joui jusqu’ici… Alors qu’Action avait le ventre repu, l’humeur alcoolisée et joyeuse, les trafiquants et autres avaient aussi un peu de répit. Du moins pendant un mois.

Mais vint ce fameux jour où il voulu encore enlever un billet doux de dix mille de l’étagère sur laquelle, le premier jour, il avait déposé sa dette de cinq ans. Sa main ne rencontra que le toucher rugueux et froid du bois.

Jour fameux, autant pour lui que pour sa femme. Pauvre Dame. Elle n’oubliera pas de sitôt la bastonnade de sa vie. Action, tout furieux de s’être fait voler son argent, par sa propre femme en plus, aura tabassé cette dernière devant leurs enfants tout tristes mais heureux d’échapper pour une fois aux furies mémorables de leur géniteur. Merci au bénéfice de la courte taille. Quelques centimètres de plus et ils devenaient aussi suspects que leur mère. Toute personne dépassant un mètre cinquante était considérée comme voleur d’argent. De toutes les façons, ce ne fut qu’au soir, après les excuses de notre gendarme devant sa belle famille (pas trop de remontrances quand même, Monsieur a encore le pouvoir de faire recruter le fils, le cousin et le beau frère dans l’armée), que Madame apprendra que depuis un mois, son mari avait bénéficié d’un prêt.

Partis en fumée, les rêves de pagne et de nouveaux tissages. Une lycéenne en a bénéficié. Ceci est une autre histoire.
Finis les beaux jours, vive les découverts bancaires. Un peu de baume au cœur cependant : la petite dernière de la fratrie, Adjoa, a eu l’intelligence de se faire enceinter par un employé de banque. Et en avant la cérémonie de demande de pardon. Les tours de garde devant le bureau du gendre – pardon, futur gendre – sanctionnés par les doux billets à la fin de la journée.

Naturellement, la femme du gendarme est (re)devenue la plus belle femme du monde. Ses repas, les plus succulents. Les boissons locales, les meilleures beuveries. Nos ancêtres savaient à nouveau distiller. Bande de colonialistes… Les diatribes toujours sarcastiques et moins drôles : « le mouton broute là où il est attaché ». En attendant la prochaine mission de maintien de la paix (?) de l’ONU ou encore le lointain et incertain gain au tiercé.

 

Petit Rappel: Les lignes qui précédent ne sont que pure fiction et toute ressemblance avec tout individu ne serait que pure coïncidence.


Racisme 2.0. Un ami qui vous veut du bien.

Je pars de la déferlante médiatique de ces derniers jours due aux très sinon trop nombreux histoires (scandales ??) racistes qui ont trouvé un formidable tremplin dans notre monde post internet pour affirmer sans ambages que c’est con (j’ai pesé mon mot) le racisme, qu’il faut le condamner mais surtout agir pour empêcher la chienlit de se propager.
Petit rappel des événements

Un footeux (qu’a t-il déjà gagné en tant que joueur ?) Griezmann s’est déguisé en noir, euh joueur de basket des années 70. Le fameux blackface. Soit disant pour lui rendre hommage. Des gens, des amis parfois, noirs de surcroit se sont précipités pour dire qu’il n’était pas raciste dans le fond. Je me demande quelle est la définition du racisme ? Faudrait-on prendre un laser infrarouge ou un séparateur de particules pour aller au fin fond du cœur de l’homme voir s’il est anti-noir ?
Le racisme à ce que je sache s’exprime visuellement, verbalement, violemment au vu et au su de la planète. Merci réseaux sociaux. Je rappelle que son Club l’Athletico aurait été propriété d’un businessman noir ou d’une famille royale noire (ce qui n’existe plus) ce genre d’histoire aurait connu une autre fin. Décidément l’année dernière était noire. Jusque dans l’empire du milieu, une exposition nous a carrément comparés à des animaux. Le yuan a fermé les bouches sur le continent. Une publicité de Dove et d’une machine à laver se sont contenté de tweets d’excuses et un retrait pur et simple des pubs incriminées. Entre temps le buzz a pris et de nouveaux clients (extrême droite). Ça c’est chez nos amis jaunes qui nous veulent du bien.
En Europe, les footballeurs même les meilleurs (arguments de ceux qui croient à la toute puissance de l’argent) se font singer. Récemment Blaise Matuidi en a fait les frais. Griezmann son coéquipier a-t-il parlé ? Je n’en sais rien. Suivez mon regard. Tout nos ressortissants qui subissent des bavures policières en occident et pas que, les insultes et les comportements barbares et très souvent muettes car ne touchant pas de célébrités. Aux States un président moitié noir n’a fait que ressurgir les tensions. Je ne vais plus trop rappeler XX et son comportement sorcier comme nous le disons en Afrique pour ne pas leur faire de la pub gratis et malvenue.
Eh oui on vend du noir en Lybie et en Mauritanie.
Du buzz et de l’absence de réponses appropriées.
Le dernier scandale en date révèle du pur marketing et de cette tendance sournoise et générale que les grandes marques ont adoptée à faire parler d’eux en bien comme en mal. Plus on parle de vous, plus vous avez d’audience pour faire passer votre message. Mes amis communicateurs ne diront pas le contraire. Pour parer l’omniprésence chinoise dans le textile en Europe un peu du bruit ne ferait que du bien à XXX. Tant pis pour un ou quelques singes charmants de la jungle. Ne vous y trompez pas, les juristes de cette compagnie auront à priori calculé le risque au millième près de cet acte. Les communicants, l’impact sur les réseaux sociaux ; les financiers le profit etc.
Au lieu de demander le retrait du compte Twitter de ce groupe ainsi que la censure du hashtag (#hm), bah tout le monde s’en est donné à cœur joie. À la fin, on ne retiendra que XXX et pas le geste raciste.
Au lieu de boycotter la marque, ce que j’avoue n’est pas chose aisée vu le nombre de Noirs qui font leur emplette chez cette dernière à part peut-être aux States, (on se demande pourquoi les meilleures ripostes viennent toujours des noirs américains ?) nous nous contenterons d’excuses avant la prochaine connerie.
Au lieu de surfer sur cette vague, aussi raciste soit elle et lancer une revanche commerciale et se faire de l’argent par fibre raciale, on se contentera de changer de marque jusqu’à ce que cette dernière aussi nous déboute.
Au lieu d’instruire nos enfants sur la réelle jungle économique et politique ainsi que le long processus d’émancipation culturelle qui les attend on se contentera du doudouisme tropical et continuer par attendre des excuses. Oui Oui, tous les blancs et toutes les compagnies ne sont pas racistes. Est-ce que le Noir l’est ?
Des réponses appropriées.
J’ai deux approches différentes de solution résultantes de deux discussions avec deux amis noirs installés l’un en Europe, l’autre aux Usa. Le premier a rapidement dénoncé ma très vive critique du footballeur   en m’expliquant qu’il faut prendre le temps d’expliquer au raciste par A plus B sa débilité mentale et son ignorance etc. Qu’à vrai dire certains ne savent pas. Que certains changent à condition de les amener patiemment à la raison. J’avoue avoir dormi cinq minutes après le début de notre conversation. Le lendemain nous avions recausé, les esprits calmes. On s’est trouvé un terrain d’attente.
Le second me dit que la solution est l’argent. Plus on se fait un max de fric, moins on ressent ce genre d’agression. Patiemment je lui ai donné raison et ensuite je lui ai demandé pourquoi Lebron James a vu sa couteuse maison de Beverly Hill taguée d’insultes racistes et reconnu que vivre en Amérique était difficile ? Enfin je lui ai rappelé l’article de presse que nous avions lu ensemble quand il était encore à Lomé et qu’au collège nous devions faire ensemble un exposé sur l’apartheid en Afrique du Sud. Jeune Afrique (merci si le quotidien peut me fournir le numéro en date) rappelait la mésaventure de commerçants fortunés nigérians dans les années 80 qui ont eu la malchance d’être en première classe sur un vol vers l’Asie avec des dirigeants sud africains. N’eut été la patience de l’équipage, nos chers commerçants auraient été jetés au dessus de la mer sur insistance de Pik Botha et de son entourage. Bref.
En Afrique, je me suis vu refusé l’accès à un hôtel en Sierra Leone en 2015 et un autre refus basé sur le faciès dans un restaurant au Ghana l’année dernière. De cette expérience j’en suis arrivé à la conclusion qu’il ne sert à rien de discuter. Il faut des moyens coercitifs. Un code pénal efficace dans nos pays….africains. Une jurisprudence dans ces pays étrangers où sont obligés d’habiter ou de travailler des Noirs. Au delà de tout, le soft power économique et géopolitique se doit d’être efficace. Prenons un exemple simple. Je vois mal, tres mal un supporteur de Chelsea se moquer des yeux bridés d’un joueur japonais ou encore de l’anglais chaotique d’un joueur russe. Entre temps des Noirs se permettent de rire de l’anglais approximatif de Weah au Liberia.
C’est évident, louable à souhait que les décideurs de ces pays s’occupent rapidement des comportements déviationnistes de certains qu’ils qualifient de marginaux quand les intérêts économiques et géostratégiques sont en jeu. Ou quand la pression médiatique est trop grande. Déjà en arrêtant de faire le pan avec le dernier hermes ou gucci on serait moins atteint. Jamais le faso danfani ne ferait un tissu à connotation raciste. Ou une blague de mauvais goût. Pour le Noir en tout cas ! Rappel très important le coton utilisé pour fabriquer ces chemises est cultivé en Afrique et transformé par nos amis sud asiatiques. Quand nos présidents se voient saisis leurs villas en hexagone on se demande qu’est ce qui ne va pas ? Et parfois que nous méritons un tantinet de ce qui nous arrive. À moins de changer la donne. J’attends le jour où un individu refusera de monter dans un avion parce que c’est un Noir qui aura fabriqué le système de ventilation ou qui aura construit le moteur. La tête qu’il fera quand il ne se fera pas rembourser. J’attends le jour où Trump refusera de dormir à la maison Blanche parce que des esclaves ont contribuée à sa construction. J’attends le jour où un chinois refusera d’utiliser le dernier I phone parce que le cobalt se transformerait désormais en Afrique. Au mondial de foot de 2010 en Afrique du Sud, curieusement aucun scandale raciste (??).
Du reste, rien ne me justifiera la bande de nègres (je suis noir et j’ai le droit d’appeler mes compatriotes négros) qui essaient de justifier et d’excuser le comportement de certains. Mes amis blancs savent à quoi s’en tenir, d’ailleurs on l’est (amis) parce qu’on se respecte à partir de nos valeurs intrinsèques, pas sur la couleur du cristallin. Pour nous, qui en l’an 2090 ne serons plus de ce monde et nos enfants qui eux seront présents, revoyons nos critères et nos ambitions hégémoniques afin de vivre dans un monde plus harmonieux ou chacun trouve sa place.
Note : XXX est mis pour hm et vous remarqueriez l’absence de liens dans cet article. C’est principalement pour éviter la mauvaise audience et faire l’apologie de ceux qui surfent sur la vague émotionnelle de ces situations pour se faire un nom. Vous m’excuserez aussi mon langage inhabituellement vert. À sournois, sournois et demi.


Au revoir 2017.

Au plaisir de vous retrouver et de dire ensemble adieu à cette année que nous avions passée si loin et si proches, je viens vous livrer aujourd’hui un peu de moi. De ce qui m’a fait rire, réfléchir, laissé perplexe ou fait lâcher une larme.

Sur le plan personnel.

Des hauts et des bas. Des talons hauts et des bas effilés aussi. De belles séparations et des rencontres imprévues. Un peu de tout ce qui fait la beauté de ce monde. De beaux livres, j’en ai lu. Un petit tour sur ma page Facebook et vous serez servi. De jeunes auteurs, j’en ai rencontré. Ils m’ont beaucoup aidé à prendre de la hauteur. Souvent accompagnés de bonnes bouteilles. Une pensée morne quand même pour ces bouquins, surement passionnants mais qui de ma part n’ont vu que les mains épousseter leur poussière sans pour autant les lire. Le plaisir d’être en famille.  De vivre les fous rires ensemble. De commencer par dire et écrire ‘’lol’’.

Pour une année supplémentaire, j’ai réussi à avoir moins de mille amis sur Facebook.  Je mets un point d’honneur à être amis avec ceux que j’ai au moins une  fois ‘’vu’’. En espérant rencontrer l’année prochaine, la douzaine d’amis virtuels qui reste et qui au travers de nos discussions se révèlent être des personnes forts intéressantes. Toujours pas de duplex. Tant qu’il y a du Durex. Pas de 6 zéros sur le compte et pas de découvert non plus. Tant que l’on a été le héros d’au moins une personne dans l’année, on peut avoir le sourire et le garder. Je me suis mis à la pêche. Ça développe la patience. J’ai même fait une semaine sans internet.

De ces amis perdus en cours de route. De nos moments devenus souvenirs. Des nouveaux visages, innocents et mignons qui t’appellent tonton, qui gargouillent et qui te font oublier le temps d’un instant les laideurs d’ici bas.

Dans ma bande d’amis de quatre depuis l’université (ils se reconnaitront), je demeure le seul à ne s’être toujours pas marié (2018 ??). Pas d’enfants non plus. Ils m’ont quelque peu trahi. Sauf un. Un bébé l’y a contraint. Heureux ménage à lui. À croire que je suis aussi très réfractaire aux reformes. Quoique les effets secondaires sont connus dans ce cas. Venons-en au pays.

Le pays en cette année.

‘’Reformes’’ est bien évidement le mot de l’année. De part et d’autre. Des coups par ci, des coupures par là. Des dialogues et des incompréhensions à n’en plus finir. De la bastonnade. Des réfugiés numériques et des réfugiés tout court. Des grèves, pas de sexe. Vu le nombre de nouveaux nés dans nos hôpitaux dont on ne cesse pourtant de crier l’état de délabrement, à raison. Les drames de la circulation qui nous ont arraché des acteurs chers de la culture togolaise. Et qui sont à jamais  gravés dans nos mémoires.

Toujours plus de 4*4 de diplomates dans nos rues et devant les boites de nuit. Allez chercher le rapport. Et puis il y a eu notre #balancetonporc version locale qui s’est transformé en balance ton poulet de 22 heures. Telegram et autres ne garantissent pas la confidentialité de leurs utilisateurs. Le rappel à l’ordre aura été douloureux pour certains. La Can, ah la Can. Un problème sempiternel avec les comptes. Qu’à cela ne tienne, on n’aime ou on n’aime pas les éperviers du Togo. La prise de la pierre sacrée et les Evalas ont répondu présents au rendez vous. Et oui, les mots peuvent êtres formés d’autres mots. 2017 aura révélé que le Togolais est complètement intolérant même envers son président ou envers le pantalon premier ministériel, surtout sur les réseaux sociaux. Enfin nous avons (re)goûté aux joies du cinéma avec Canal Olympia, et aux joies du boycott des étrangers, une fois n’est pas coutume avec le concert des #Magiciens. 20 ans c’est peu, comparé aux……

La TVT ( télévision nationale) continue d’employer ‘’le compte rendu de’’ dans son journal pour désigner ses reportages.

En Afrique et ailleurs dans le monde

Les couguars ont la côte. Moins d’enfants pour la femme africaine. Tel est le vœu du président français. Pour faire simple, prenons pour femme des ménopausées. Et pourtant aux dernières nouvelles notre espace géographique est sous peuplée.

Des présidents peuvent dès l’année prochaine, ajouter réparateurs de clim à leur CV. Le chômage allant crescendo. On peut désormais aussi faire appel à l’armée pour un divorce présidentiel. Ce n’est pas Mugabe qui dira le contraire. Un jeune continent, des vieux dirigeants. Les chinois cognent (au sens propre comme au figuré) de plus en plus en toute impunité sur le continent.  Zuma tient la barre en Afrique du Sud et a (de son vivant) une statue grandeur nature au Nigeria. Les droits de l’homme demeurent un concept aux contours flous. Une affectueuse attention pour Tonton Kim loin là-bas qui tient tête ( à qui ?) avec ses ogives nucléaires. Et une larme pour toutes ces innocentes victimes tombées au nom du terrorisme. (mot dangereux, à prendre avec des pincettes)

Il n’y a pas que le politique qui a compté en cette année. Serey Die, l’ivoirien nous a tenu en haleine pendant une semaine entre ses deux femmes. Pendant que son ancien collègue Eboué va moins bien. Il y a toujours une femme dans l’histoire. Les footeux ont écrit de belles pages et de vilaines aussi cette année. Certains se sont mêlés de politique avec diverses fortunes. Et puis le CFA. Ce fut la monnaie de l’année. Une pensée pour ces billets brulés qui auraient fait le bonheur de certains dans ces périodes de fête. On meurt encore de dysenterie sous les tropiques et les friquets se soignent de plus en plus à l’étranger.

J’ai commencé des portraits que j’ai laissés en sourdine sur ce blog. J’espère vivement vous décrire un peu plus souvent ces personnages charmants d’ici et d’ailleurs au cours de l’année prochaine. La route avec vous révèle d’agréables surprises. Une drogue douce apparemment. Nul risque d’overdose. Comme ces jeunes qui à force de vouloir s’envoler atterrissent au paradis ou ailleurs. Les opiacées font des ravages. Même ici.

Une once de regrets ? Non. Plutôt des reflets. Des taches inachevées, des histoires inachevées. Des pages qui méritent  d’être tournées ou retournées. Des souvenirs indélébiles. Des leçons apprises de la dure des manières. Des certitudes devenues douteuses.  Des rêves devenus réalités ou réalisables.

Sur ce je nous souhaite une bonne année qui dépendra pour moitié de nos efforts et pour moitié de la providence.

 


Les coupures inégalitaires d’internet au Togo

 – Ne coupons pas la connexion mobile, pour que nos clients ne partent pas pour un autre opérateur…
– Pour aller où ? Ils seront là pour nous attendre.

Tel est, je l’imagine, le compte-rendu des réunions des sociétés de téléphonie mobile.

Effectivement, on est là à attendre. Rythmer notre vie quotidienne entre deux coupures. Pourquoi couper la connexion mobile de nous autres et laisser l’internet pour les entreprises, les administrations ? Comment garder ouvert l’accès aux sociétés et juger unilatéralement que nous autres ne le méritons pas ? Ne sommes-nous tous pas des citoyens ? Hypocrites, s’il faut couper la connexion, alors faites-le entièrement. Si c’est pour la paix, que tout le monde, oui tout le monde, soit privé de connexion.

Ne fermez plus. Ne coupez plus. Ne gardez pas les bons débits pour quelques-uns, de peur qu’ils ne fassent une overdose de connexion. Ne la coupez point de peur que le troisième opérateur ne s’enfuie par retard de dépôt des dossiers dû au manque de connexion.

Marchez et on vous laissera. Criez et on vous trouvera une solution. Car, quiconque marche régulièrement entretient sa santé, celui qui crie améliore son timbre vocal. Et surtout, on coupe à celui qui veut se connecter. Tout ce que vous faites avec votre connexion, nous aussi on le fait. Communiquer. Étudier. Payer des dettes. Prendre rendez-vous. Télécharger illégalement. Voir du x, etc. Car c’est la loi et l’objectif même de l’internet.
Si donc, méchants comme vous l’êtes, vous coupez sans nous avertir le débit mobile, mais vous le gardez pour certains, combien de fois nos amis, copines, ex-copines, nos occupations, en sont dépendants ? Combien de fichiers téléchargés à 90% ne sont jamais finis et partis en fumée ? Combien de mégas ou de gigas de connexion disparus et comptabilisés dans les bénéfices des entreprises de téléphonie mobile ? Autant de frustration pour les clients ! Pas un mot d’excuse au nom de la paix, mais un juste retour de leur forfait ?

Je vais vous raconter les histoires de gens directement touchés par ce phénomène. Tout ce qu’Adoté voulait, c’était suivre son match en streaming illégal. Amélé, elle, voulait lire le bonjour de son Jules virtuel de Paris qui lui promettait des vacances pour l’été 2017, et surtout voir s’il a fait le money gram. Anasco, lui, est devenu teigneux pour avoir manqué pendant deux jours de naviguer sur des sites douteux pour adultes, malgré son âge mineur. Tchitchao n’a pas pu envoyer à temps l’argent à son vieux père au village pour ses médicaments. Même les gnadoé*ont pris un sacré coup.

Méfiez-vous des connexions bloquées

Gardez-vous des mauvaises connexions. Celles qui sont là, mais vous empêchent d’aller sur vos sites préférés. Celles qui pendant un temps vous donnent accès à certains liens que vous, informaticien de pacotille, cherchiez à contourner par des réseaux privés virtuels. La réalité amère et dure vous frappera et le réveil sera toujours douloureux. Ceux qui disent : « Mais non, je suis apolitique ! », ceux-là n’auront pas de traitement de faveur, mais ceux qui ont la chance d’avoir le bon code wifi ou le bon câble disponible, oui.

Plusieurs diront en ces jours-là : « Connexion, Connexion, n’avons-nous pas fraternisé avec des inconnus par ton nom ? Et n’avons-nous pas rendu riches des sociétés de téléphonie mobile par ton nom ? Ne t’avons-nous pas choisi au détriment d’un bon plat de watchè* (du riz mélangé avec des haricots) ?

Alors, elle vous dira ouvertement : je ne vous ai jamais connu. Je me retire de vos téléphones. Vous qui n’êtes pas du bon coté de la connexion. Vous qui êtes susceptibles de partager des informations non vérifiées. Vous qui n’avez pas le bon code wifi. Vous qui n’êtes pas proche de la frontière ghanéenne ou béninoise. Vous qui menacez la paix.
C’est pourquoi quiconque entend ces paroles se doit d’acheter un forfait limité au début des journées de marche coïncidant avec la coupure d’internet. Il sera semblable à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc. Ainsi parle le Coupeur, pardon le Saigneur, pardon le Seigneur. Il sera semblable à un étudiant qui squatte le wifi du voisin. Qui connait les meilleures applications capables de télécharger et de poursuivre sans perte de données quand la connexion sera coupée et rétablie.
Mais quiconque écoute ces paroles et ne les met pas en pratique sera semblable à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents sont venus, les fichiers torrents par contre, non. Sa connexion étant absente. Ses mégas, disparus à jamais. La jolie Guinéenne rencontrée lors d’un séminaire a rompu. Virtuellement bien sûr. Plus de contact. Un malheur ne venant jamais seul, certaines applis dont on repoussait la mise à jour sont devenues obsolètes. Perdus, les précieux messages. Après que le coupeur ait terminé, la connexion a été rétablie et mon téléphone a été frappé de frénésie du téléchargement. La coupure et la perte des forfaits m’ont enseigné l’approche imminente des prochaines manifestations.

Comme je ne suis ni scribe, ni pharisien, mais jeune togolais ne comprenant pas le pourquoi ni le comment des coupures internet, je dirais juste que cet article est inspiré de l’Évangile de Mathieu, chapitre 7 dans la Bible.

 

* gnadoé : signifie en éwé ( langue parlée entre le sud du Togo, Bénin et Ghana) l’action de radoter.

* watchè : plat de riz mélangé avec du haricot.


Ma semaine sans Internet.

Tout est parti d’un téléphone volé, d’un autre gâté et d’un pari surprenant, un peu con au début, mais qui en fin de compte s’est avéré une bonne expérience. Ne dit-on pas souvent que la fin justifie les moyens ? Un collègue et moi, suite aux mésaventures diverses de nos téléphones respectifs avons décidé, de voir qui pourrait tenir le plus longtemps possible sans ces petits gadgets qui finalement, contrôlent nos vies. Alors en route pour une semaine sans internet. Je me suis, lors de cette semaine, rendu compte que nos Smartphones ne nous servaient à rien sans connexion internet. Passé le temps de la douleur ressentie suite à la perte d’un être téléphone cher et la recherche d’une solution de rechange, je me suis, enfin mon collègue et moi tout penauds nous étions rendus compte de l’incongruité de la situation. Et si nous devions réellement vivre sans internet ? Et s’il y avait un blackout ? Quel impact ? Sur nous ? Nos proches ? Notre état d’esprit ? Notre productivité au bureau ? Etc…

Jour 1

On faisait semblant, comme si rien n’avait changé. Je me suis rappelé d’un vieux Samsung à clapet qui trainait dans un tiroir et qui  méritait d’être dépoussiéré. Histoire de passer des appels dans des cas urgents. Cas urgents qui ne feront que se multiplier au cours de la semaine. Dur dur d’envoyer alors des sms, moi qui il y a encore quelques années cherchais à battre mon record d’envoi d’sms tellement c’était passionnant et facile, sur mon clavier à 12 boutons. Sur les coups de midi j’ai redécouvert la radio stéréo. Quel soulagement,vite dissipé ! Car aussitôt les nouvelles écoutées, l’envie pressente d’aller sur Yahoo et Cie confirmer voir les images de ces dires surgit. Première difficulté facilement surmontable. Le soir au lieu de chatter sur les réseaux sociaux, j’ai discuté physiquement avec deux nouveaux collègues et fraternisé avec l’un, car l’autre comme vous pouvez aisément l’imaginer suivait difficilement le cours de nos conversations, trop occupé à envoyer deux petits textos entre une phrase. Je le surprenais souvent en train de rire bêtement à une blague ou autre chose venant de son écran. Ô petit écran exerçant une si grande emprise sur nous autres humains.

 

Jour 2

Premiers bénéfices. Dès le réveil, rupture avec la monotonie. Plus besoin de voir qui m’a laissé des messages. Plus besoin de voir dans quel sens la planète a tourné pendant mon sommeil : si le soleil par un heureux hasard ne s’est pas pour une fois levé à l’ouest pour se coucher à l’est. Que faire alors du temps disponible avant le boulot ? Je me suis remis pour une fois depuis une demi-douzaine d’années aux exercices d’abdominaux. J’avoue qu’en ayant le téléphone et internet à portée de main, je n’aurais pu résister à l’envie de faire un tour de quelques sites, en quelques clics. J’ai trouvé une autre motivation dans le désir de ne pas perdre mon pari et vice versa pour mon collègue. Pour tenir quand l’envie était pressante, (beaucoup diront que c’est assez exagéré de dire que l’envie de se connecter puisse être pressante et pourtant c’est parce qu’on y succombe facilement qu’on ne se rend pas compte de l’addiction) une petite marche me faisait du bien. Le coup de ma communication parallèlement s’en allait crescendo. Normal car obligé d’appeler là où, avant je me contentais d’un cc, ça va, oui et toi ? bien bonne journée; merci a toi aussi.

 

Jour 3

Vraies difficultés. Avec les premières énigmes. Et si je me connectais sur pc pour les mails professionnels ? Aurais-je perdu mon pari ? Résisterais-je à l’envie de voir des notifications Twitter etc ??? Comment faire mon boulot là où jetais dépendant d’Internet pour le courriel, les informations des livraisons etc ? Certains collègues, partenaires ont compris quand je leur expliquais le pourquoi du retard de leur mail et pourquoi ils ne l’auront pour certains que dans 5 jours. ça été plus limite avec les supérieurs. J’avais une excuse toute trouvée ‘’ la connexion internet est mauvaise’’. Un ou deux amis sont venus aux nouvelles par appels ou sms. Une ou deux par des visites. Des amies surtout. Des mecs, aucun. J’ai redécouvert les jeux de carte et d’Awalé, l’art de parler sans émoticônes. De ne pas dire lol et mdr à longueur de journée. Mes nouveaux interlocuteurs (d’un certain âge bien sur) ne comprendraient pas. Un ami senior qui s’est récemment mis aux réseaux sociaux a trouvé ma démarche intéressante et m’a surtout conseillé d’utiliser internet à des fins utiles. Ça te rapporte combien une heure de connexion, en argent, en relation, en bien-être ? La nuit m’a apporté quelques pistes de réflexions et de réponses.

 

Jours 4 et 5 

 

Vive le jogging et honte aux amis qui ne nous sont loyaux que sur Internet. Qui peuvent chaque matin que Dieu fait continuer par envoyer des ça va, tu es ou ? sur nos messageries même quand nous ne répondons pas. Mais ne peuvent prendre la peine d’un appel, d’un sms, d’une visite pour avoir de vos nouvelles. Vivent les secrétaires qui prennent soin de nous pendant ces moments aux travers de belles tenues, de beaux sourires, de beaux jeux de société , des petits plats et honte à celles qui s’empressent de venir nous montrer des vidéos fraichement téléchargés ou la dernière blague en ligne. J’ai même eu droit à un appel surprenant qui me demandait de me connecter express et quand j’ai demandé le pourquoi ? Bah c’est pour discuter et avoir de tes nouvelles.
Moins de contrainte, moins d’envie d’acheter. Plus d’attention aux détails. Plus d’attention à la famille. En y pensant j’ai terminé plus de bouquins en papier en une semaine que sur mon téléphone, en faisant au passage une belle économie sur l’argent prévue pour acheter une liseuse électronique. Au cinquième soir, sous prétexte d’une facture et d’une marchandise à livrer, mon collègue et moi avons pu profiter de vingt minutes sur Messenger et Gmail pour envoyer certains dossiers et petit crime, dire bonjour à un ami qui envoyait un coucou juste au moment où je me connectais.

 

Jour 6

 

Fort de ces jours sans internet, je me suis mis à observer les autres pendant une journée, accros à leur téléphone. Ces professionnels du radotage sur le net. Ceux qui ne veulent pas sortir des sentiers battus. Ceux qui sont devenus irrécupérables. Ceux qui carburent à l’internet. Combien de fois manquons-nous des moments uniques de la vie ? En préférant une photo à un sourire, un émoticône au profit d’une embrassade… une malbouffe au dépend d’une activité sportive, une réalité virtuelle au lieu d’une interaction physique ? Toutes ces sensations que certains ne connaitrons même pas, je pense aux prochaines générations. Nous qui pensons êtres civilisés en dépendant exclusivement du net, pour la bouffe, commander nos habits tout ça au nom d’une certaine rapidité entre autres. Au dépend de l’artisanat, de la relation et la chaleur humaine. Le cas particulier de cet ami qui ne partait pas en pause à midi juste pour profiter du bon débit du bureau m’a laissé perplexe. J’ai arrêté de me plaindre que 24 heures n’étaient pas suffisantes. J’avais finalement du temps et rien à faire, ce qui était le contraire quand je trainais sur Facebook et autres à guetter des histoires ou à la recherche des fringues à bas prix etc. J’ai aussi appris à mettre moins de liens dans mes articles pour permettre a vous chers lecteurs de passer moins de temps sur le net.

 
Jour 7

Mon poids sur la balance m’a donné tellement de satisfaction. J’ai finalement trouvé quelque chose à faire de mes nouvelles heures creuses. Des activités enrichissantes. Ma relation qui s’est améliorée avec les seniors à qui j’ai promis de faire plus attention. J’ai vraiment profité de la plage et de l’eau. Du paysage, j’ai pris de belles photos que je ne partagerais pas ici. En tout cas pas aujourd’hui. Pas occupé à envoyer des fichiers multimédia par ici et là. Soit on se repose ou on envoie sa photo en train de se reposer aux gens. Soit on mange ou on se filme en mangeant. Soit on ne poursuit pas deux lièvres à la fois, soit on ne se filme pas en poursuivant deux lièvres à la fois etc.
J’ai aussi raté deux brunchs dont les invitations tout comme les plaintes suite à mon absence sont tombées dans ma boite mail. J’ai appris à mieux gérer ma connexion aujourd’hui ce qui me fait des économies sur les forfaits. À me débarrasser des fioritures, à savoir sur qui compter vraiment. Autres avantages, un mode de vie plus sain, de nouvelles amitiés etc. Pour vous qui seriez tentés par l’aventure, faites. Pas besoin de se préparer. Vivez l’aventure, et si subitement Internet venait à disparaitre, vous serez aguerris.